» Je suis le notaire républicain du garde des Sceaux  » Notaire salarié à Nice, Grégory BETTA, lauréat du dernier concours de création d’office (arrêté de mai 2001, épreuves de septembre et novembre 2004), est en cours de création d’un office notarial à Allauch, en périphérie de Marseille.

 

Notariat 2000 : Qu’est-ce qui vous a amené à la création d’office ?

Grégory Betta : La création d’office est l’ascenseur républicain du notariat. C’était pour moi le seul moyen de devenir titulaire d’office, mes finances personnelles ne m’ayant permis d’atteindre que le statut de « notaire salarié ». Il y a plusieurs voies pour devenir titulaire d’office. La création d’office est la voie républicaine qui recrute, comme pour les grands corps de l’Etat, par concours. Très simplement et très humblement, diplômé notaire depuis 10 ans, je ne disposais pas de « l’apport personnel » nécessaire, exigé pour acquérir une étude ou des parts de SCP.

 

Notariat 2000 : La création d’office est-elle un parcours du combattant ?

Grégory Betta : Ma réponse ne peut être que partielle puisque je n’ai pas encore ouvert l’étude. Je ne suis donc qu’au début du parcours : un long et difficile chemin m’attend encore. Mais déjà, parvenir à l’attribution a demandé des efforts considérables, et beaucoup de patience et de persévérance. Après la remise à niveau théorique et pratique dans tous les domaines du droit notarial, surtout ceux qu’on ne pratique pas au quotidien, la plus grande difficulté est de rester à jour et au « top niveau » de toutes les matières, pendant 3 ans et demi, dans l’attente d’une convocation qui peut intervenir à tout moment. Le tout en travaillant 70 h/semaine pour l’étude. Ce n’est donc pas seulement un investissement personnel, mais aussi un investissement familial. La famille donne beaucoup lors de la préparation du concours, et je remercie mes proches de leur soutien. Ensuite, les vacances sont sacrifiées pour les épreuves écrites, puis orales. Enfin, le jury est composé de personnalités éminentes de la science juridique, sommités dans leurs spécialités. Les candidats sont excellents et bien préparés. Ils attendent tous depuis 4 ans. Ils sont tous diplômés notaire. Ils ont tous de l’expérience. En bref, le concours est de très haut niveau technique.

 

Notariat 2000 : Quels points méritent d’être améliorés ?

Grégory Betta : Le nombre de notaires doit être augmenté sensiblement, ce qui est le bon sens pris par le C.S.N. ; le chiffre de 12.000 notaires avancé dans votre revue (NDLR : article de Grégory SEPZ, numéro 464) est intéressant. La « patrimonialité des charges » devrait être plus sévèrement encadrée et les prix fixés de manière objective. Il y a un effet conjugué pervers du « numérus clausus » et de la « patrimonialité des charges » qui ferme quelque peu la profession. Tout dépassement d’un certain seuil de chiffre d’affaires ou de bénéfice par notaire devrait engendrer une création. Les procédures de décision de création devraient échapper aux autorités professionnelles locales, tant il est difficile, sinon impossible, d’être juge et partie prenante. En revanche, un candidat créateur ou un élu local devraient pouvoir proposer une création. Le schéma d’implantation des offices mis au point par le C.S.N., présenté par Me Blanc, dans la revue NVP, est excellent et va nettement dans le bon sens. Bien sûr, comme pour tous les autres concours de la République, le délai entre l’arrêté de création et le concours ne devrait pas dépasser un an.

 

Notariat 2000 : Etes-vous heureux d’être passé par cette voie de la création d’office ?

Grégory Betta : Je ressens un certain bonheur de devenir titulaire d’office par cette voie. Je suis et serai le notaire républicain du garde des Sceaux. Je suis et serai au service du public et de l’Etat.