J’ai la chance de posséder une petite maison en Vendée, au bord de l’Océan, et, cette année, j’ai décidé de faire comme des millions de Français : visiter le parc du Puy-du-Fou. Il m’a inspiré des réflexions toutes notariales.

 

Disons-le d’emblée. Je fuis les attractions où l’on « s’esquiche » les uns contre les autres, les grands spectacles, les matchs de foot, bref, tout ce qui fait venir du monde, comme la lumière attire, en pleine nuit, les nyctalopes. Je m’écarte des grandes migrations l’hiver en direction des stations de montagne et l’été vers le midi. Alors pourquoi être allé au Puy-du-Fou ? Par curiosité, parce que le parc est proche de chez nous, que je pouvais y aller en basse saison et puis, aussi, parce que l’on m’avait parlé de l’esprit de solidarité des animateurs, tous bénévoles. Après avoir digéré les émotions et laissé s’organiser la pensée, je peux dire à présent que j’ai été séduit. L’entreprise est bien rodée, elle se renouvelle, elle fait école, elle est à présent connue dans le monde entier… Mais, là où se crée le paradoxe, c’est lorsque l’on constate la différence entre ce parc et les autres. Pas de manèges, pas de décibels, pas d’allées tirées au cordeau, de bitume lisse comme une patinoire et de constructions multicolores. On est tout simplement dans un parc français. Les haut-parleurs diffusent de la musique classique le long des allées boisées menant à la cité de l’an mil, au village du XVIIIe siècle ou au village 1900. Les spectacles offrent la reconstitution de notre histoire avec les Vikings, les courses de chars dans un amphithéâtre romain, la guerre contre les Anglais, Richelieu et les mousquetaires, ou un spectacle d’oiseaux et rapaces en liberté, totalement époustouflant.

 

Loin du superficiel

Lorsqu’on sort de cette plongée dans le passé, la question de l’identité nationale n’en est plus vraiment une. Nous retrouvons l’évidence de notre culture chrétienne, la réalité de notre insertion dans l’Europe, et les lectures innombrables de beaux textes en alexandrins ne nous font pas douter de la valeur et de la beauté de notre langue. Le choc est moins puissant que devant le pont du Gard, la cathédrale de Strasbourg ou le Mont Saint-Michel, toutes œuvres humaines admirables, mais il y a de ça. Et l’on quitte les lieux en se demandant comment il est possible d’attirer tant de personnes, en leur parlant en vers et en leur montrant des spectacles historiques. La réponse qui vient automatiquement au bout des lèvres, c’est que les visiteurs sont heureux de retrouver leurs racines, un parler vrai, une authenticité, loin des modes du superficiel et du virtuel… S’il est bien une leçon que nos hommes politiques devraient tirer, c’est celle-ci : venir visiter le Puy du Fou, et parler ensuite « d’identité ».

 

Une idée pour le notariat ?

Je me suis dit aussi que, peut-être, le notariat pourrait en faire son profit. Se réunir à Paris ou à Poitiers, c’est bien… mais se réunir au Puy-du-Fou, ce serait reprendre conscience du réel. Certes, le maréchal-ferrant a disparu de nos campagnes, les doreurs à la feuille d’or se font rares, et les enlumineurs plus encore. Mais ne tire-t-on pas les leçons du futur en relisant le passé ? J’ai pris un véritable bain de jouvence dans les allées du Puy-du-Fou, et si le notariat n’est pas éternel, je crois qu’il pourrait valablement prendre quelques leçons d’immortalité au contact de l’histoire de son pays. Il pourrait aussi en être un acteur. Imaginez un bâtiment qui ferait parcourir une étude de notaire dans ses différentes étapes, du tabellion au notaire d’avant la Révolution, puis celui du XXIe siècle… Je ne voudrais pas donner de conseil au CSN, mais je suis sûr qu’une proposition de ce type pourrait intéresser les dirigeants du Puy-du-Fou.