Service incomplet

Certains notaires négocient, d’autres non. D’autres encore organisent des ventes par adjudication. Cela représente une excellente formule qui pourrait être développée à toutes les régions. Mais quelle est l’étendue du « service notarial » apporté par les notaires pratiquant les ventes par adjudication ? Imaginons un client lambda désireux d’investir, par exemple, en région parisienne, abonné à la lettre électronique d’information des ventes aux enchères (qui fonctionne parfaitement). Il remarque quelques annonces susceptibles de l’intéresser, et contacte le notaire chargé de la vente : rien de plus normal. S’il souhaite visiter, les jours sont fixés, peu nombreux (et figés), ce qui n’est pas forcément pratique pour un provincial. Mais s’il souhaite obtenir quelques renseignements sur la valeur approximative du bien (la mise à prix ne signifiant pas grand-chose), ainsi que sur sa valeur locative, les choses se compliquent. Il n’est pas rare que l’on soit incapable de le renseigner (à part lui conseiller de contacter une agence immobilière…). Les ventes par adjudication seraient-elles réservées à une clientèle « avisée » ?

 

Au choix

Nos actes ne passent pas toujours avec succès le contrôle de la publicité foncière ; ils sont parfois refoulés suivant la procédure du refus ou celle du rejet. Ils font alors l’objet d’une correspondance dont voici un extrait : copie hypothécaire défectueuse, difficile à lire, papier-encre, carbone utilisé ( ?), surcharges, grattages, pages de texte non numérotées, renvois non numérotés, noms patronymiques non inscrits en majuscules d’imprimerie, minimum de lignes non respecté, marges insuffisantes, copie incomplète, pas de certificat de conformité, pas de qualité du signataire, de signature et d’empreinte du sceau… Il ne nous reste plus alors qu’à supputer le motif ayant déclenché ce courrier, à en choisir un au hasard ou à téléphoner pour connaître la véritable cause d’insatisfaction. Quel est le gain de temps pour l’administration et pour nous ? Il serait sans doute plus rapide pour tous d’indiquer, dès le départ, le véritable motif.

 

Ultra spécialisation

La profession communique et organise, notamment, des « rencontres » annuelles avec le grand public. C’est bien. Mais devinez quel est le thème des 26èmes rencontres : les questions relatives à l’achat ou à la vente d’un bien immobilier. Voilà qui est original, et qui ne permettra guère au grand public de savoir que nous pouvons faire autre chose. À moins que nous nous dirigions vers une ultra spécialisation. Après tout, pourquoi faire autre chose que l’immobilier : on a assez de travail comme cela. Alors que les agents immobiliers sont passés en 10 ans, de 15.000 à 25.000, dans le notariat, le chiffre des notaires est stable. Tout va bien.

 

Cliquette

La « cliquette » (action consistant à cliquer sur la souris de votre ordinateur) va- t’elle être classée au rang des maladies professionnelles, et pourrons-nous demander réparation auprès des concepteurs de logiciels ou, surtout, auprès de l’administration ? Prenons le cas de SPDC, et suivons le processus pour obtenir un extrait cadastral : Internet : clic ; intranet : clic ; Spdc (à condition qu’il soit déjà dans vos favoris) : clic ; connexion sécurisée : clic ; professionnels : clic ; notaires : clic ; accès spécialisés : clic ; renotaires : clic ; spdc : clic- ; accès sécurisé (tiens, le cadastre doit être classé secret défense) : clic ; identifiant + mot de passe : clic ; rediriger connexion : clic ; spdc : clic… Et là, pas de chance. Vous étiez connecté il y a une demi-heure, vous ne pouvez pas vous reconnecter. Vous n’avez plus qu’à attendre quelques heures, puis tout recommencer (ou alors, une fois que vous êtes connecté, restez-y, cela encombrera un peu le serveur, mais on a l’habitude). Kafka n’est pas mort. Qui a conçu de tels programmes ? Pourquoi les notaires acceptent-ils tout sans rien dire ? Que nous réserve télé@actes ?

 

Sur la tête

Vous avez sans doute reçu un courrier mythologique, et vous avez d’abord cru à un gag : mais non, c’était sérieux ! L’incantation aux dieux est bien réelle, afin de vendre un produit vers lequel, à priori, personne ne se précipite. Mais, notre déesse de la mémoire semble l’avoir courte : combien de réalisations notariales ont réussi (hormis la mythique opération télécopieurs), et combien ont sombré dans l’oubli ?

Quant à faire référence à toute une série de muses, ces références sont-elles appropriées ? :
- une muse de l’éloquence pour nos actes : nous n’avons pas besoin d’éloquence, mais au contraire de concision et d’efficacité,
- une muse de la musique pour la comptabilité : tout le monde le sait, la musique des chiffres adoucit les moeurs, mais il est douteux que nos clients se satisfassent d’une douce musique devant des relevés de compte auxquels ils ne comprennent rien,
- une muse de l’histoire pour nos archives : pourquoi pas, mais cette muse n’a t’elle pas été vaincue à cause d’une faille ? Et nous ne détenons pas sa trompette héroïque,
- enfin, une muse de l’astronomie : compte tenu de ses ambitions affichées, prédisons lui qu’elle a beaucoup de travail devant elle. Espérons seulement qu’elle n’aura pas trop la tête dans les étoiles. À se demander, après tout cela, si nos dieux (ou leurs représentants terrestres), ne sont pas tombés sur la tête !