Les étudiants des facultés de droit sont souvent intéressés par le notariat. Pour avoir gardé un pied dans cette pépinière de futurs confrères, j’ai constaté que ces jeunes sont maintes fois freinés par des craintes qu’ils considèrent comme insurmontables. Craintes justifiées face à l’opacité qui semble régner sur les procédures d’installation…
Trouver une étude ou des parts de société relève parfois du parcours du combattant, surtout lorsque le candidat n’est pas « du sérail ». Beaucoup de jeunes voient en effet la « sphère notariale » comme un milieu très fermé où la charge se transmet essentiellement de père en fils. En l’absence d’un véritable fichier national des études à céder (qui inclurait Paris et sa région), le candidat à l’installation a peu de recours pour trouver une étude ou des parts à céder. Il doit souvent anticiper les départs à la retraite et surtout ne pas avoir d’exigences trop impératives (« telle étude à tel endroit, sinon rien »). Mais ce n’est pas le seul obstacle ! Une fois l’étude trouvée, il lui faut encore en analyser tous les aspects. Certains sont assez simples, comme les chiffres d’affaire, bénéfices, rentabilité… et les experts comptables des études, comme les Chambres et les Conseils régionaux, peuvent accompagner le candidat à l’installation. D’autres aspects semblent moins évidents à cerner : mentalité des associés, des salariés, « image » de l’étude, clientèle, perspectives d’avenir… Ce ne sont pas les quelques visites dans l’étude qui peuvent en donner une vision juste. De plus, l’étude se situant souvent dans un secteur inconnu du repreneur potentiel, celui-ci a généralement des difficultés à juger des perspectives économiques du secteur, de ses forces et de ses faiblesses dans l’avenir.
Charte de bonne conduite
Face à tous ces problèmes et à bien d’autres, il me semble nécessaire de remettre en avant (et en marche) une idée émise voici quelques années par le Mouvement Jeune Notariat : le parrainage. La technique est simple : elle consiste à doter chaque nouveau diplômé, voire chaque notaire stagiaire, d’un parrain ou d’une marraine. Il pourrait s’agir du maître de stage (certains remplissent déjà cette fonction) ou d’un confrère, installé depuis suffisamment longtemps. Bien évidemment, ce parrainage devrait être encadré par une charte précise fixant les interventions du parrain, mais aussi ses limites nécessaires. En aucun cas, le parrain ne pourra se substituer au filleul qui reste maître de ses décisions. En revanche, il pourra être consulté à tout moment. Relancer le parrainage permettrait de pallier la plupart des difficultés liées à l’installation, en accompagnant, dès le début, les candidats et en les suivant dans les premières années de leur exercice. Les Chambres qui sont souvent les premières informées des recherches des futurs notaires, pourraient avoir un rôle actif en aidant à trouver un parrain. Enfin, face à certaines pratiques peu avouables -mais apparemment fréquentes-, un candidat repreneur accompagné par son parrain aurait, sans nul doute, plus de force de dissuasion. Souhaitons que nos structures volontaires, à commencer par le Mouvement Jeune Notariat qui a élaboré un modèle de charte, contribuent à mettre sur les bons rails nos futurs confrères et que les organismes officiels de la profession favorisent le parrainage. L’avenir de notre profession en dépend peut-être.