« Pour réussir dans le monde, il faut avoir l’air fou et être sage » écrivait Montesquieu. L’illustre auteur de L’Esprit des Lois me pardonnera-t-il, depuis le firmament des philosophes, de déformer son propos ? Car, dans le monde notarial, mieux vaut avoir l’air sage et être fou pour réussir !
Pour vouloir faire quelque chose d’original dans notre profession, ne faut-il pas être un peu fou ? Quelle femme ou quel homme sensé oserait aujourd’hui déserter la légion si bien disciplinée, sortir du rang et tenir publiquement des propos originaux, dérangeants, iconoclastes sans risque de représailles, voire de décimation ? Nous devons pourtant rendre hommage à quelques-uns de ces « fous furieux » comme Alain Maisonnier, ce notaire de Savoie, qui a incité, à plusieurs reprises, ses confrères à se mobiliser contre l’acte d’avocat notamment ou la Chambre des notaires de la région PACA qui avait tenté une grève de l’enregistrement. Comment ne pas saluer tous ceux qui, dans les colonnes de Notariat 2000, osent, à visage découvert, prendre des positions « contre-nature », semer le doute, poser les questions qui dérangent et dévoiler les « secrets d’alcôve » ? Oui, tous ceux-là méritent notre estime car ils sont libres !
Réussite, j’écris ton nom…
Sénèque écrivait « Si tu veux être heureux, être un homme libre, laisse les autres te mépriser ». La liberté et le bonheur vont de pair, mais sont indissociables du mépris. Or comment réussir lorsqu’on est méprisé ? Car la réussite peut avoir plusieurs sens. Elle peut être : • financière, ce qui engendre souvent du mépris. • personnelle. Il existe encore quelques convaincus qui sont heureux de leur métier, de leurs clients et trouvent le bonheur dans l’exercice quotidien (et faussement routinier) de notre profession. • politique, entendons « notarialement » politique… C’est là que naît tout le paradoxe car, pour réussir politiquement, il ne faut point encourir le mépris, notamment de ses pairs. Que l’on soit réellement élu ou simplement coopté, il faut au contraire montrer une apparence de sagesse pour gagner la sympathie de ceux qui nous hissent. Ne dit-on pas que « tout flatteur vit aux dépends de celui qui l’écoute » ? Et pourtant, pour avoir l’envie de réussir politiquement, ne faut-il pas être un peu fou ? Tout élu, à quelque niveau qu’il soit, ne vit-il pas dans une sorte de « schizophrénie » permanente ? N’est-il pas sans cesse tiraillé entre le désir de plaire et celui d’être libre ? Quel responsable de notre profession n’est-il pas parti « la fleur au fusil » pour son combat, celui qu’il croyait juste, avant de revenir plus dépité que Napoléon de Waterloo ?
Comme disait Montesquieu
L’homme peut être libre sans être grand, mais aucun homme ne peut être grand sans être libre… C’est ainsi que dans le notariat, nous avons parfois de grands hommes et parfois des petits. Il en est de même des présidents… Certes, nous avons beaucoup d’élus, de responsables, mais combien furent, sont ou seront vraiment grands ? « Quand dans un royaume, il y a plus d’avantage à faire sa cour qu’à faire son devoir, tout est perdu » écrivait Montesquieu. Qu’en est-il dans le royaume notarial ?