L’IUP Métiers du Notariat de Poitiers, créé et dirigé par Jean-Marie Gilardeau, serait-il l’exemple à suivre en matière de formation ? Caroline Loy, jeune notaire stagiaire qui a fait partie en 2003 de la première promotion, a accepté d’interviewer pour Notariat 2000 son ancien professeur. Entretien.

Caroline Loy pour Notariat 2000 : Pourquoi avoir créé l’IUP ?

Jean-Marie Gilardeau : La création de l’IUP est le fruit du hasard et de la nécessité. Du hasard, en ce que c’est la rencontre fortuite de représentants de la profession notariale et de l’Université qui a été le phénomène déclencheur. De la nécessité, en ce que les premiers venaient de produire, dans le cadre de l’assemblée de liaison, un rapport sur la formation qui parmi les pistes à explorer en vue de remédier à la pénurie de collaborateurs suggérait le recours à l’IUP et les seconds étaient persuadés que le moment était venu d’adjoindre aux filières traditionnelles des enseignements orientés vers l’apprentissage d’un métier. De la conjonction de ce besoin et de cette envie est né l’IUP.

 

Caroline Loy : Concrètement, en quoi l’IUP est-il novateur, original ?

Jean-Marie Gilardeau : L’IUP est quadruplement novateur ! Premièrement, le volume horaire des enseignements est nettement plus important que dans les autres diplômes universitaires. Deuxièmement, les interventions sont partagées à parité entre les membres habituels du corps enseignant (professeurs, maîtres de conférence) et les représentants du notariat (notaires, collaborateurs). Troisièmement, le temps de travail est égalitairement réparti entre les cours et les travaux dirigés lesquels sont exclusivement organisés autour de la résolution de cas pratiques. Quatrièmement, le nombre réduit d’étudiants permet une réelle interactivité.

 

Caroline Loy : Bientôt 3 promotions auront « terminé » l’IUP. Quel bilan en faites-vous aujourd’hui ?

Jean-Marie Gilardeau : Un père est mal placé pour juger son enfant tant il lui est difficile de demeurer impartial en pareil cas. Ce qui est sûr c’est que tous les diplômés sont demeurés fidèles au notariat. Les uns ont aujourd’hui un travail dans un office ; les autres poursuivent avec succès leurs études (DESS notarial ; centre de formation professionnelle) afin de devenir notaire. En outre, ceux qui ont à les recevoir dans le cadre d’un stage ou d’un emploi rémunéré portent en général un jugement flatteur sur les intéressés. Au-delà des considérations scientifiques, notre fierté est d’avoir aidé chacun à s’épanouir et à utiliser au mieux le potentiel dont il disposait ».

 

Caroline Loy : Quel avenir pour l’IUP ? Pourrait-il inspirer une réforme de la formation notariale ?

Jean-Marie Gilardeau : Compte tenu de la réforme de l’enseignement supérieur qui a conduit à la mise en place du 3 (licence), 5 (master), 8 (doctorat), les IUP se retrouvent en équilibre instable en ce qu’ils ont vocation à recruter à +1 pour s’achever à 4 (ex maîtrise). Dans ces conditions, une renégociation s’impose avec le ministère de tutelle afin de définir la voie à suivre. L’expérience prouve que rien n’est impossible puisqu’à l’origine les IUP étaient hermétiques au droit mais, eu égard à l’intérêt du projet présenté, l’administration a accepté de faire exception au principe en notre faveur. Peu importe la dénomination pourvu que le résultat soit au rendez-vous. À l’évidence, les étudiants et plus encore ceux qui les reçoivent en qualité de stagiaires puis de collaborateurs sont satisfaits en sorte qu’il serait dommage de stopper une expérience destinée à fournir à la profession notariale les techniciens dont elle dit avoir besoin.