Il n’y a pas que le notariat dans la vie. La littérature attire de nombreux confrères qui, pour certains, ont déjà publié un, voire plusieurs romans. Souvenir d’un salon du Livre à Saint-Gervais (Vendée).

 

C’était en 2007. Un jour que je vaquais dans la rue principale de La Tranche sur Mer, j’aperçois un attroupement devant la librairie autour d’une tête penchée sur un ouvrage que l’homme dédicaçait. Je reconnus immédiatement Claude Mercier, rédacteur en chef de VIP au temps où j’étais moi-même aux affaires. « Mais que fais-tu ici ?! » s’exclame-t-il. Je lui apprends que je viens d’achever mon premier roman. Il me demande de lui faire passer le manuscrit et nous nous quittons presque éberlués par cette courte rencontre. Quelque temps après, Claude m’encourage à persévérer et m’invite à le rejoindre au Salon du Livre qu’il organise chaque année à Saint-Gervais (Vendée). Une année passe, je commets un second roman, et Claude me convie par écrit à le retrouver à cette manifestation. L’invitation est tellement amicale que je ne peux me défiler malgré les 700 kilomètres qui nous séparent et mon inexpérience dans le milieu littéraire. Je prends donc la route pour Saint-Gervais…

 

Claude et Théo

Le grand organisateur m’accueille les bras tendus. Un petit geste, certes, mais un signe qui rassure. « Je ne suis pas venu pour rien puisqu’il m’attendait », me dis-je, en rejoignant la table qu’il m’a réservée au milieu de 60 autres auteurs, tous fanatiques du salon et habitués à se rassembler depuis une quinzaine d’années. C’est ainsi que je me retrouve assis entre François Bossis, jeune médecin récompensé du prix des Ecrivains de Vendée pour son roman « La tentation de la mer » et Maud Bianchi qui vend et dédicace l’ouvrage consacré à son grand-père Charles Atamian, peintre de grande qualité. Le premier est comme son œuvre : pudique, simple, sobre et accessible. La seconde, âgée de presque 80 ans, ancienne journaliste aux Echos, croque la vie à belles dents, partage son expérience et ses émotions avec entrain, se montre d’une générosité exceptionnelle… Comment ne pas se souvenir de deux jours entiers passés en leur compagnie et en celle d’autres auteurs différents, mais également généreux. Je pense notamment à cette romancière roumaine qui a chanté à la fin du déjeuner, puis est venue voir ma voisine pour se faire lire les lignes de la main car elle avait vu que nous nous y étions intéressés (il a fallu tuer le temps durant les heures désertées par les chalands). Claude Mercier passait, se renseignait sur le moral des troupes, racontait en patois une histoire vendéenne… Et quand il était absent, c’est notre confrère honoraire, Théo Rousseau qui veillait sur moi.

 

Une grande famille

Après une telle expérience, comment croire que l’on abandonne le notariat en quittant la profession ! Dans ce salon, il y avait trois notaires et, à travers eux, c’est le notariat tout entier qui était estimé à l’occasion de cette manifestation. J’ai une pensée pour Jean-Marie Celer, notre défunt confrère, notre ami rédacteur à N2000, mais aussi l’auteur d’un roman policier. Il aurait pu partager ce salon avec nous (I have a dream) et nous aurions été quatre notaires qui aurions parlé de nos activités de retraités, sans nostalgie du passé mais reconnaissants de ce que la profession nous avait apporté. Il nous a quittés, mais j’ai eu le privilège de le côtoyer quelquefois…