C’est d’outre-Atlantique qu’est venue cette crise avec son cortège de faillites, de chômage, voire de calamités. Mais c’est aussi des États-Unis et de l’Angleterre que nous parviennent les premiers signes annonciateurs d’un rétablissement, encore bien incertain, de l’économie mondiale.
Il y a d’abord eu Londres et la réunion du G20 les 1er et 2 avril. Les dirigeants des vingt pays les plus riches du monde, représentant 85 % du PIB mondial et 65 % de la population de la planète, ont tenté de refaire le capitalisme tout en essayant de panser les conséquences de la crise financière initiée par leurs banquiers peu scrupuleux. Pour cela, ils ont mobilisé quelques milliers de milliards de dollars et renforcé le rôle des grandes institutions internationales afin de rétablir la confiance dans le système bancaire. C’est ainsi que le Fonds monétaire international (FMI) a pu bénéficier du triplement de son fonds d’intervention. Il est passé de 250 à 750 milliards de dollars afin que, dorénavant, il soit en capacité de prévenir les crises.
À la suite de cette réunion, les bourses mondiales qui avaient connu leur plus bas niveau à la mi-mars, ont poursuivi leurs remontées. Elles s’apprécient de 30 % en deux mois.
Le 30 avril dernier, les 100 premiers jours de Barack Obama à la Présidence des États-Unis furent fêtés, et les louanges sont venues de toute part. Grâce à lui, l’Amérique a pu se redonner une image à la fois aimable et moderne et les Américains ont repris confiance dans leur avenir. En France, après que le magazine Time ait propulsé notre président à la 3e place des personnalités de l’année 2008, juste derrière les président et vice-président américains, on apprend que les nouvelles valeurs des Français sont l’égalité, la tolérance, le travail et le bonheur (cf l’enquête réalisée par le CNRS sur « La France à travers ses valeurs », publiée dans Le Monde du 25 avril.). Ce sont des principes porteurs pour la cohésion et l’avenir de notre pays. D’autant que, selon l’étude intitulée « La mesure des loisirs dans les pays de l’OCDE », réalisée dans les 18 pays membres de cette organisation, cela n’empêche pas nos concitoyens de bien dormir et de bien manger, car ils sont aussi ceux qui détiennent le record de ces deux passe-temps. Encore faut-il pour cela qu’ils soient bien logés. Ce qui nous ramène au marché immobilier qui, comme aux Etats-Unis, connaît actuellement un regain d’activité.
Tendance concernant l’activité N.B. Le retournement de tendance est apparu au début de l’année 2009. La courbe « observé » se redresse nettement entraînant des prévisions beaucoup plus optimistes pour les mois de mai et de juin (courbe « prévu »). C’est la première fois que ce retournement persiste aussi fortement depuis deux ans.
Même si les hirondelles ne font pas le printemps, leur arrivée est toujours annonciatrice d’un temps plus clément. Il en va de même des visites des acquéreurs dans les études, du moins dans celles qui ont maintenu leur service négociation malgré le marasme de la période hivernale. Alors que fin février, seulement 7 % des services négociations constataient un regain d’activité, cette proportion remonte à 20 % fin avril. C’est ainsi qu’à Roubaix, le négociateur de Me Prouvost pousse un « ouf de soulagement » et confirme que : « les banquiers prêtent de nouveau – à condition d’avoir plus ou moins 30 % d’apport personnel – et l’activité repart de façon importante depuis fin mars ». Pour les deux mois qui viennent, 35 % des négociateurs demeurent pourtant pessimistes alors que leur pourcentage s’élevait à 60 % deux mois plus tôt. Parallèlement, on observera sur notre graphique que les poussées d’activité printanières se sont calmées, en 2007 et 2008, avec l’arrivée de la période estivale.
Tendance concernant les prix N.B. Depuis le début de l’année, la proportion des notaires prévoyant la stabilité voire une légère reprise dans l’évolution des prix, augmente très doucement, tant pour les terrains que pour les logements.
Après la réunion du G20, il semble que les banques aient desserré les conditions d’octroi des crédits. Les taux des prêts immobiliers diminuent progressivement. Ils sont passés de 5,15 % en décembre à 4,30 % fin avril. Cette double mesure rend chaque jour la baisse des prix dans le logement moins assurée. Il en résulte que les prévisions d’évolution des prix sur les deux mois à venir sont un peu moins pessimistes que par le passé. Ainsi, 39 % des notaires interrogés (contre 23 % en février) pensent que l’on a atteint « un palier » tandis que 61 % misent sur la poursuite de la baisse des prix. C’est notamment le cas de ce négociateur du Loir-et-Cher qui constate que : « Les ventes ont repris, mais les prix baissent. Les vendeurs commencent à accepter des offres d’achat nettement inférieures au prix du mandat, de peur de perdre l’acquéreur ». Le Conseil Supérieur du Notariat considère de son côté que, dans l’ancien, une baisse assez sensible des prix devrait s’opérer en 2009. Elle sera plus forte sur les maisons et terrains à bâtir dans les périphéries des villes que dans les grandes métropoles. Elle devrait s’y situer entre 10 et 20 %. À noter qu’à Paris, suivant le baromètre de Meilleursagents.com, le prix du m2 a déjà baissé de 7,1 % au cours du 1er trimestre. Dans le neuf, cette baisse devrait se manifester d’une manière plus modérée.
Le conseil des notaires Ce conseil porte sur la nécessité d’acheter ou de vendre en premier lieu lorsqu’on souhaite trouver un bien immobilier en remplacement de celui dont on dispose actuellement. Il est donc nécessaire d’évaluer les conditions du marché avant de se prononcer pour l’une des trois options : acheter avant de revendre, vendre avant d’acheter ou attendre, c’est-à-dire reporter momentanément la décision. Au niveau des prix, 68 % des notaires de notre panel considèrent la vente avant l’acquisition d’un nouveau logement comme la meilleure solution. 12 % d’entre eux estiment que ce n’est pas le moment opportun pour se lancer dans ce type d’opération et 20 % pensent que le marché s’est suffisamment assaini pour que l’on puisse acheter un nouveau bien avant de se dessaisir de son logement actuel. Au niveau des terrains à bâtir, la proportion des notaires conseillant l’achat en premier monte à 31 %. Dans certaines régions, la difficulté de trouver un terrain à un prix accessible laisse mieux augurer une reprise prochaine du marché.
Évolution de l’environnement économique
Après avoir perdu la moitié de leurs valeurs en moins d’un an, les actions ont vu leur cours remonter depuis la réunion du G20 début avril. Le CAC 40 est passé de 2 500 à 3 300 points. Sur le plan économique, les perspectives d’avenir paraissent moins sombres. Cependant, deux théories s’affrontent. D’un côté, Jean Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne (BCE) considère que, même si les effets de la crise sont considérables, « les trimestres suivants seront moins mauvais que le premier trimestre » ; de l’autre, le Fonds monétaire international (FMI) présidé par Dominique Strauss-Kahn, révise à la baisse ses estimations. Il considère que le produit intérieur brut (PIB) de la France devrait se contracter de 3 % cette année alors que, fin janvier, il ne prévoyait qu’un recul de 1,9 %. Espérons que les prévisions de la BCE l’emporteront !
NDLR : cette enquête a été rédigée le 11 mai 2009, elle porte sur les mois de mars et avril 2009.