On a tous, peu ou prou, ressenti que même si tout ne va pas si mal, la profession ne fait parfois plus autant envie qu’au début. Un vague à l’âme professionnel s’installe, un doute bien peu pascalien nous ronge. « Mais qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez moi ? » se demande-t-on alors. Se poser la question, c’est déjà se mettre sur la bonne voie…

Se mettre sur la bonne voie, c’est bien, mais trouver une réponse, c’est encore mieux ! S’il y a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond, comment le savoir, où trouver la cause, comment préparer le remède ? Voici plusieurs méthodes pour y voir plus clair.

Le confessionnal
Le client qu’on a oublié de rappeler, le courriel un peu sec envoyé trop vite, la consultation sans avoir vérifié la dernière loi de Finances, le diagnostic assainissement périmé d’un jour, la notoriété mentionnant le régime erroné d’un couple étranger… C’est, sans doute, l’accumulation quotidienne de ce genre de misères qui nous fiche le mouron. Si le problème était d’ordre moral, on aurait le secours de la religion et le remède du confessionnal. Mais voilà, il n’existe pas de confessionnal notarial… Alors que faire ?
– Se confier à un salarié ? Vous risquez de vous faire allumer pour tentative de harcèlement…
– Tout dire à un confrère ? Il va penser que vous voulez lui vendre votre étude…
– Avouer à un associé ? Il va vouloir modifier la répartition des bénéfices…
– Consulter le Président de Chambre ? Il va vous envoyer illico presto faire une séance promo à la maison de retraite du coin…
Bref, le confessionnal c’est bien, mais faute de trouver un confesseur, ça vaut pas mieux qu’une messe sans curé…

Sur le divan
Se coucher sur le divan a un avantage incontestable : si l’on est vraiment crevé, on peut faire 10 minutes de sieste (c’est toujours cela de gagné !). Sinon, pour évacuer nos refoulements, il y a la « méthode défoulement » : un gros démarrage au feu vert (pour les gars) ou une horreur qui coûte la peau des fesses (pour les filles). Mais cela (et tout le reste du même genre) n’est-il pas qu’un écran de fumée ? Une fois le « petit plaisir » passé, ce qui reste c’est « petit »… très petit… Chienne de vie, va !

L’entretien annuel d’évaluation
Amis lecteurs, je vous entends d’ici : « Déjà que c’est pas la joie, si en plus il faut se taper les entretiens annuels d’évaluation (EAE), pffff, alors là, c’est le pompon ! ». Nous sommes tous d’accord là-dessus. Je vous conseille pourtant d’y recourir quand tout va mal, que les dossiers sont foireux, que les confrères sont casse-pieds, que la Chambre s’y met avec ses plaintes à la noix, qu’il y a une secrétaire qui « chouigne » et que – cerise sur le gâteau – la ligne K est à zéro. Hé bien, oui, quand on en arrive à ce stade, croyez-moi, l’entretien annuel d’évaluation, c’est LE miracle ! Aussi ennuyeux qu’inutile, l’EAE a, en réalité, une vertu cachée : il offre au notaire en décomposition un espace d’auto-exorcisme ! En s’intéressant, de gré ou de force, à « l’autre », on cesse un temps de ruminer sur soi. Bon d’accord, « l’enfer c’est les autres » disait Sartre mais, si vous vous trouvez déjà en enfer, « les autres » sont inversement une porte ouverte sur le paradis perdu ! Alors, confrère déprimé, fais-toi plaisir : un p’tit coup d’entretien annuel d’évaluation, et hop, tu verras, t’auras le moral de retour et tout qui se remet à tourner rond chez toi !!!

1 – Question empruntée à une chanson d’Antoine, idole chevelue des temps yéyé.