Dans les 10 ans à venir, plus du tiers des notaires aura atteint l’âge de la retraite et plus du quart des collaborateurs prendra le même chemin, offrant ainsi, comme l’a souligné le président Dejoie au congrès de Nantes, « un gisement de 15.000 emplois ». L’ouverture à la jeunesse est une question de survie. Mais suffit-il que le notariat s’intéresse aux jeunes pour que les jeunes s’intéressent en retour au notariat ? Combien d’étudiants envisagent de devenir notaire ou clerc ? D’autres métiers (avocat, magistrat…) ont davantage la cote et il y a un réel travail de communication à faire pour susciter des vocations !
Diplôme et salaire
Autre constat : leur diplôme d’école de commerce (bac + 5) en poche, certains de mes amis commencent dans la vie active avec un salaire net de 2.150 euros. Les plus chanceux bénéficient même d’une augmentation annuelle de 10% ! De notre côté, alors que nous sommes sur le point de terminer le Diplôme Supérieur de Notariat (bac + 7), avec mes « collègues » de promo, nous touchons entre 1.200 et 1.400 euros net. Et même avec 18 mois d’expérience, nous avons un mal fou à obtenir la qualification T2 ! Une augmentation ? Que nenni ! : il faut d’abord être diplômé notaire ! Aussi, lorsque la discussion vient sur le sujet, nombreux sont ceux qui se demandent s’ils ont choisi la bonne voie. Il faut pourtant avouer que certains jeunes ont « la hargne » et sont passionnés, comme le soulignait Elizabeth Reillier-Duny dans son dernier édito (N2000 n°471) : ils sont méritants et la profession peut en être fière. D’autres, plus intéressés, ont choisi le notariat pour l’argent, faute de connaître vraiment cette voie ! Nul doute qu’ils fuiront rapidement vers des secteurs plus attractifs (banques, assurances, cabinets de gestion de patrimoine ou agences immobilières…) ; ils n’auront que l’embarras du choix !
Non à l’immobilisme !
Heureusement, l’immobilisme n’est pas total, l’Opération J en est la preuve. Mais il faut aller encore plus loin : prendre du temps pour initier les « notaires en herbe », leur offrir des perspectives d’évolution, des intéressements, voire leur promettre une augmentation à chaque semestrialité obtenue !? Il faut motiver les troupes, leur faire aimer la profession et leur donner envie de la défendre pour assurer sa pérennité, leur apprendre les écueils qu’elle peut rencontrer aujourd’hui et les succès qu’elle remporte. En un mot : les intéresser. C’est à ce prix-là, seulement, que les jeunes se sentiront pleinement concernés…