Notre enquête sur Mnémosyne a interpellé bon nombre de nos lecteurs. Nous publions ci-dessous le courrier de l’un d’entre eux, surpris par nos « timides conclusions ».
« Votre enquête sur MNEMOSYNE dégage une impression étrange, effort louable d’objectivité d’un côté, timidité des conclusions de l’autre. Il est vrai qu’une « enquête » se doit de refléter la diversité des opinions, mais ne doit-elle pas aussi analyser avec franchise les résultats obtenus, voire prendre parti sur le bien-fondé du projet ? À en croire certains, votre modération inhabituelle ne serait pas le fruit du hasard. « Méchante prédiction, fantasme ou réalité ? », pour plagier l’excellente formule conclusive de votre article. Quid ? Inutile de dire combien cette indulgence vaut satisfecit aux yeux de certains. Il est pourtant des faits établis, au-delà de toute méchanceté ou fantasmagorie.
À ce jour, près de 12 millions d’euros ont été consommés (les chiffres seront bientôt disponibles sur INFOGREFFE), sans que l’on sache véritablement dans quel but :
• Créer un formulaire « original, paramétrable et universel », comme annoncé officiellement par Me ROTH en 2003 ? Loin s’en faut.
• Créer un logiciel de rédaction d’acte performant et compétitif ? À ce jour, tel n’est pas le cas : pour mémoire, le développement du système, acheté en 2003 à Me Helleboid, a été abandonné, sans aucune mise en chantier d’une solution de rechange.
• Créer une gamme de logiciels de gestion (comptabilité, archivage électronique, etc.) ? Hormis les produits rachetés et mis aux couleurs de MNEMOSYNE, tel TAXE NOT, la production « maison » est quasi nulle, les rares produits mis au point en interne étant en passe de devenir orphelins, eu égard au « turn-over » qui décime les équipes, au gré des caprices de la direction.
Depuis octobre 2003, près d’une demi-dizaine d’informaticiens se sont succédés à la tête du projet informatique ; tous sont partis, écoeurés par le gâchis ambiant et la vacuité agressive du management. Manifestement, ce désastre financier et cette débâcle technologique n’intéressent personne, hormis quelques maniaques de l’informatique et aussi semble-t-il les contrôleurs de la DGI… Dommage, c’était pourtant un beau projet, ouvrant de réelles perspectives à une profession en mal de modernité. La diplomatie qui paraît s’exprimer dans votre article, sur le thème « peut mieux faire », masque quelque peu une réalité objective aisée à constater (cf le site internet de la société) : absence de projet, absence de calendrier, immaturité des produits, absence de transparence financière. À cet instant historique et grave, l’interview du président du CSN, Me REYNIS, particulièrement attentif aux nouvelles technologies, serait sans doute utile pour éclairer vos lecteurs. »