Coupable ou pas, le choc qui a suivi l’arrestation de DSK a, pour le moins, des effets positifs : libérer la parole de la femme, voire permettre une prise de conscience sur les « écueils » rencontrés dans le monde du travail. C’est ainsi que l’on a appris que les quolibets graveleux étaient usuels dans le milieu politique. Mais qu’en est-il dans le monde des entreprises et plus particulièrement dans celui du notariat ?

 

L’entreprise se féminise au ralenti. En décembre 2006, une enquête d’Oseo sur l’évolution des PME révélait que seulement 30 % d’entre elles étaient dirigées par des femmes. Celles-ci seraient toutefois plus nombreuses que les hommes à reprendre l’affaire de leurs parents (28 % contre 17 %). Les femmes auraient-elles du mal à se lancer dans la bataille ?

 

30 % de femmes seulement

Faut-il le rappeler, les femmes sont autorisées à devenir officier public depuis la Loi n°48-460 du 20 mars…1948 ! Elles sont actuellement 2 671 sur 9 132 notaires. Soit presque 30 % sans que l’on puisse distinguer la notaire salariée de la notaire associée et donc patron. Sur 97 chambres départementales ou interdépartementales, 17 ont à leur tête une femme, soit un peu plus de 17 % (source JCP) Outre l’enquête que Notariat 2000 lancera à l’automne auprès des membres féminins de la profession afin d’obtenir leur avis sur le sujet, la mentalité moyenâgeuse de certains messieurs reste troublante.

 

Vous avez dit « macho » ?

Récemment, l’une de mes consœurs me racontait que son associé avait été sollicité par téléphone pour confirmer les informations qu’elles avaient communiquées à un client de l’étude lors d’un rendez-vous. Après s’être excusé, le client a reconnu que la situation inverse ne se serait pas produite… Une autre a été contrainte d’adopter un « look » plus sévère pour que l’on cesse de la confondre avec la secrétaire de son associé. Pourtant, le talent n’attend pas le nombre des années ! Enfin, à titre personnel, n’étant pas mariée, je fais régulièrement l’objet de ragots sur mon orientation sexuelle supposée… Heureusement, les nouvelles générations refusent, en majorité, ces clichés !

 

Sable mouvant

Être une femme notaire et, plus généralement, une femme dirigeante relève encore du parcours du combattant. La « femme patron » a un handicap de départ : elle est « sous surveillance » et attendue au tournant. Par réaction, il lui faut être plus exigeante vis-à-vis d’elle-même et de ses collaborateurs. Elle doit déjouer le déni de sa fonction de femme patron, lequel s’exprime de façon différente selon que le déni vient d’un autre patron (critique de ses décisions) ou d’un collaborateur (service minimum). Elle doit lutter contre le copinage, ne pas surjouer l’autorité. Le juste milieu est parfois difficile à trouver et peut se rapprocher d’une « froideur bienveillante ». Libérer la parole de la femme est une chose, la prendre en considération en est une autre… Le Fédération royale des notaires de Belgique s’apprête à élire une femme présidente. Chez les experts comptables et les huissiers de justice, les femmes se fédèrent : les premières ont créé, sous la houlette d’Agnès Bricard (également présidente du Conseil supérieur de l’Ordre des experts comptables !) une association des femmes diplômées experts comptables administrateurs de sociétés. Quelques semaines plus tard, les huissiers de justice ont suivi et créer une association avec, à leur tête, Astrid Desagneaux. Qu’attendons-nous pour faire, à notre tour, entendre notre voix ?