En 2008, le notaire est un chef d’entreprise responsable qui doit « manager » son étude. Si la définition même du « management » reste encore floue dans l’esprit de notre panel, la majorité s’est organisée pour exercer pleinement son rôle de manager. Ce qui lui permet de « conduire sereinement le navire, même par gros temps et d’emmener tout le monde à bon port ». Enquête.

 

Le management gagne du terrain. Ainsi, les proportions s’inversent par rapport à 2004 où le management n’en était qu’à ses balbutiements (voir notre numéro de septembre). 53 % des notaires exercent pleinement leur rôle de manager (contre 42 % il y a un peu plus de trois ans), entraînant ainsi leurs collaborateurs vers plus de disponibilité envers les clients et plus de compétence. Me Foursans-Bourdette, notaire à Pau, compare d’ailleurs le manager à un « chef de cordée ». Pour les autres, l’envie est là, mais le temps manque. « Les journées sont infiniment trop courtes » s’exclame Me Lecordier (Manche). Il convient toutefois que « méconnaître les règles de management est une lacune pouvant avoir un lourd retentissement sur l’office ». Pour Me Michel Robert (Haute-Garonne), la solution serait « de prendre un peu de recul » et de lever le nez du guidon. De son côté, Jean-Michel Ségura (Côte-d’Or), qui ne consacre pas au management le temps qu’il voudrait, n’en est pas moins lucide quant aux dispositions qu’il faudrait prendre. « L’idéal serait de planifier, comme pour les autres fonctions, des moments de disponibilité individuelle et collective, selon une fréquence à déterminer ».

 

Question organisation…

Trois notaires sur quatre managent eux-mêmes leurs collaborateurs au sein de l’étude. En cas d’associations, seulement 26 % partagent cette responsabilité entre associés (contre 39 % en 2004). Question temps, l’indice de satisfaction reste faible, puisque la majorité des « notaires managers » (66 %) estime ne pas consacrer assez de temps au management. En 2004 déjà, une frange similaire de notaires (69 %) se plaignait de manquer de temps… Les outils 97 % des notaires interrogés estiment qu’améliorer les conditions de travail des collaborateurs entraîne une meilleure performance de l’office. Sur le terrain, le notaire-manager mise surtout sur les stages et les formations (47,7 % contre 43,8 % en 2004). En 2004, c’est l’acquisition de nouveau matériel (surtout informatique) qui était mis en avant. Il occupe aujourd’hui encore une bonne place, mais accuse un léger recul (22,1 % contre 29,2 % en 2004). Les notaires traîneraient-ils des pieds lorsqu’il s’agit de renouveler leur parc informatique ? Comme en 2004, un peu plus de 22 % de notre panel ont réorganisé le travail dans leur étude pour améliorer les performances de leurs collaborateurs. Enfin, certains ont leurs propres ficelles. Ainsi, François Tremosa (Haute-Garonne) fait participer tous ses collaborateurs aux prises de décisions, ce qui les implique davantage. Me Besnard (Eure) a mis en place une « boîte à idées » et discute régulièrement avec son personnel pour réorganiser le travail. La DQN est également perçue comme un outil de management pour Olivier Arens (Morbihan) qui espère décrocher une certification en 2008 (bravo !) et Nathalie Cochelin Gomez (Pyrénées-Atlantiques).

 

À noter

Seulement 26 % des notaires interrogés ont mis en place des réunions entre associés sur le thème du management.

 

Le management, ça ne s’improvise pas !

« Il faut davantage former les jeunes notaires au management car nos études sont des entreprises, avec des collaborateurs qu’il faut motiver » nous dit Me Sauvetat à Cholet. 78 % des notaires (contre 81 % en 2004) estiment, d’ailleurs, qu’ils ne sont pas suffisamment formés au management pour assurer leur fonction de responsable d’office notarial. Ainsi, 33 % aimeraient suivre une formation en gestion des ressources humaines, 29 % en gestion du temps et 25 % en organisation du travail. Seulement 9,8 % évoquent la qualité (ils étaient 17 % en 2004). Enfin, certains ont pallié le manque de formation en se faisant accompagner par un consultant extérieur, c’est le cas de Me Tremosa à Toulouse.