Près d’un an après “l’opération jeunes”, Notariat 2000 a recueilli, par le biais du réseau Futurnot le point de vue de futurs notaires (Merci à eux !).

 

Les études universitaires

Pour la majorité de notre panel (60%), les études universitaires ne préparent pas à une future installation. La formation (jugée de qualité) reste théorique et ne forme pas au “métier de chef d’entreprise”. “La fac forme des juristes notariaux. Les maîtres de stage sont également fautifs car ils profitent de notaires stagiaires bon marché sans assurer de réelles formations”. Rien sur la déontologie, pas de formation management, gestion d’entreprise, comptable, fiscale. La base juridique s’apprend à la fac, le reste sur le terrain, parfois au détriment du jeune. De plus, “un premier stage en fin de 5e année, n’est-ce pas un peu tard ?” s’interroge un jeune Parisien.

 

Le stage, facile…

La recherche du stage est généralement jugée “facile”. Surtout en province. Certains évoquent la chance ou des “facilités familiales”, d’autres connaissaient l’office pour y avoir travaillé en été (formalités, standard, gestion du courrier), mais la plupart argumente qu’”à ce prix-là, les notaires auraient tort de ne pas signer”.

 

Le salaire : “Sans aide, point de salut !”

À l’unanimité, le salaire est jugé insuffisant pour économiser en vue de l’installation. “1025 euros pendant deux ans, c’est à peine pour se loger et se nourrir. Alors faire des économies, c’est un doux rêve” nous confie un jeune. Selon nos sources, à Paris, le jeune est payé en moyenne 1000 euros net en début de stage et peut gagner jusqu’à 3000 net en fin de stage. Certains se plaignent également d’avoir eu “des propositions en deçà de la convention collective, dont une, émanant d’une étude qui fonctionne bien, à 780 euros net.” Quant à la création d’office, elle ne semble pas convaincre : “un notaire créateur d’office m’a indiqué qu’il n’a pas pu effectuer de prélèvement pendant 1 an et qu’il a vécu sur le salaire de son épouse. Comment faire lorsqu’on est célibataire ?”.

 

La recherche du cédant : opacité…

Le marché est perçu comme “confidentiel”. Copinage et piston seraient encore d’actualité, les cédants ayant une tendance naturelle à favoriser les enfants et amis de leur connaissance. Tout marcherait par réseau, aucune information ne filtrerait. “Un notaire souhaitant céder préfère le faire discrètement en général, ce qui exclut un bon nombre de candidats potentiels à la reprise”. Un seul fait allusion à un fichier des cessionnaires sur Paris “mais c’est très discrétionnaire du côté des cédants” dit-il.

 

Les prix

Ils ne sont pas jugés attractifs, surtout à Paris et région parisienne. La bulle immobilière n’aide pas. “On se sent exclu. J’ai eu plusieurs entretiens et la seule chose qu’on m’ait demandée est le montant de mon apport”. Certains notaires surévalueraient leur office et d’autres annonceraient des prix anormalement bas, ce qui “sent le dessous-de-table pour échapper aux plus-values professionnelles.” Plusieurs jeunes nous confirment d’ailleurs que “les dessous-de-table sont monnaie courante”.

 

Suggestions

Voici quelques suggestions émises par notre panel : • Anticiper le stage du futur notaire pour éviter d’apprendre des choses après avoir signé ! • Rendre obligatoire le système alsasso-mosellan d’installation au mérite et non à l’enveloppe (de gros sous) ; • Pénaliser davantage les dessous-de-table ; • Centraliser les offres et demandes de cession dans un fichier efficace ; • Réfléchir à une méthode pour déterminer le prix des études ; • Rendre la publicité obligatoire en amont de la cession et obliger les cédants à remettre les derniers rapports d’inspection avant la promesse de cession ; • Parrainer les notaires qui souhaitent s’installer, voire qui sont récemment installés.

 

À savoir

La quasi-majorité des jeunes interrogés pourrait opter pour une autre profession (avocat, banque, assurance, gestion de patrimoine) si leur installation était gênée par des difficultés trop importantes.