10 années de confort immobilier ont pu nous donner la douce sensation des délices de Capoue, enveloppés dans l’apothéose du sourire “Rachidien” inondant notre soleil revenu à Nice. Vient aujourd’hui le temps de descendre de notre « petit nuage » avec l’annonce, fin juin, de deux grandes nouvelles qui risquent d’assombrir notre horizon…

 

Voici quelques mois déjà que la conjoncture hésite. Le nombre de ventes, premier symptôme, s’est incliné. Les prix ont d’abord suivi doucement, pour nous rappeler l’histoire de l’arbre rêvant d’atteindre le ciel. Et puis, dans la chaleur du 27 juin, préparant nos vacances, la météo s’est faite vraiment menaçante. Coup de clairon de Paul Albert Iweins, président du Conseil national des barreaux.

 

Vers le statut intégré ?

Après avoir beaucoup ramé pour contrer l’apparent succès d’influence notarial, Me Iweins engrange le bénéfice sans modestie. Reçu par le Président Sarkozy lui-même, ce dernier lui a annoncé deux « grandes nouvelles » : • l’abandon du divorce consenti sous le panonceau ; • (et surtout) la mission confiée à son « grand ami » Jean-Michel Darrois, avocat d’affaires, pour étudier les modalités de la création d’une « grande » profession du droit en France. Notons toutefois que le principe en est arrêté au Palais, puisque seules les modalités sont de la compétence de la mission d’étude. De notre petit nuage, nous devons, sans transition, affronter le gros nuage bien sombre, promis par Me Iweins, de l’évolution vers le statut intégré de spécialiste de l’authentification. Nos amis avocats nous ouvrent bien grands leurs bras pour mieux nous phagocyter ! Qu’il était doux de se payer le luxe de faire la fine bouche à la proposition du divorce consenti et autres agréments… Nous voilà maintenant contraints en défense face à Jean-Michel Darrois dont la revue « Le Point » a dressé récemment un portrait saisissant (1). Chaque notaire gagnerait à lire cet article pour savoir à quelle sauce il se prépare à nous accommoder !

 

Challenge

Les critères générant de nouveaux notaires ont servi de hors d’œuvre. Quelques (mauvais) esprits ne vont-ils pas jusqu’à suspecter qu’il s’agissait plutôt d’amuse-bouche ? Nous voilà face au plat de résistance sans que nous soyons en mesure d’espérer un dessert. Rachida Dati qui nous manifestait quelque compréhension au Congrès des notaires de France, ne sera probablement plus en mesure de nous aider, si tant est qu’elle y soit disposée malgré les assurances données naguère ! Nos anciens ne prétendaient-ils pas que « les escaliers du roi sont glissants » ? Se mettre en ordre de résistance dans l’euphorie de Nice et l’atmosphère des vacances d’été se révèle sans doute bien mal aisé à dresser. Pourtant, c’est maintenant que ce challenge se présente, à contre-pied selon la méthode élyséenne, et il est le seul qui vaille vraiment celui de notre existence. Saurons-nous, une fois encore, trouver le mot juste, vu de l’œil du « consommateur » et non plus seulement du côté du porte-monnaie du corporatisme dont l’écho n’est reçu par aucune oreille ? Voici quelque 25 ans, notre président avait su être entendu. Mission aussi difficile aujourd’hui, souhaitons à son successeur présent une inspiration de la même veine, celle qui sait convaincre en s’appuyant sur l’intérêt général, celui des usagers quotidiens du droit. Augmenter notre nombre, certes, il est bien tard pour ergoter, mais jamais trop tard pour démontrer une fois de plus notre faculté d’adaptation.

 

1 – Le Point du 24 mai 2007, n°1810, « L’avocat le plus puissant de France », Marie Bordet.