Après avoir envahi le domaine de l’informatique personnelle, l’open source commence à entrer dans les entreprises. Des sites y sont consacrés. Le notariat semble en ignorer complètement l’existence, alors que cela pourrait bouleverser bien des habitudes (et dans le bon sens).

 

L’open source est l’ouverture et l’accès à tous ceux qui le souhaitent du  » code source  » des programmes (le coeur du programme lui-même). Le programme n’appartient pas à son ou ses concepteurs, mais à tout le monde. Il est mis dans le domaine public. Chacun, en fonction de ses capacités et connaissances, peut essayer d’apporter sa pierre pour le compléter et l’améliorer (dans le cadre d’un projet, afin d’éviter l’anarchie et les multiples variantes). Les exemples types en open source sont Linux, système d’exploitation multi-plateformes, et MySql, base de données relationnelles. Tous deux remportent un très grand succès pour tout ce qui touche à Internet, mais ils peuvent être utilisés partout ailleurs. OpenOffice.org, de son côté, est une suite bureautique gratuite, également en  » open source « . De nombreux autres logiciels existent sous cette forme, animés par un bouillonnement d’internautes, et même d’entreprises informatiques (non, il ne s’agit pas de Microsoft !). Et le notariat, ne pourrait-il pas être intéressé ? Imaginons que nous n’ayons plus de système d’exploitation à acheter ou à mettre à jour tous les 2 ou 3 ans (une nouvelle version de Windows va bientôt apparaître sur le marché), que nos logiciels professionnels soient gratuits et que nous devenions enfin  » maîtres « , non pas seulement de nos formules, mais aussi de nos systèmes…Pour commencer, et pour les accros à Windows, nous ne sommes peut-être pas obligés de suivre le train à la vitesse où les changements nous sont imposés (et facturés) : Windows 98 fonctionne encore très bien, et est largement suffisant, dans la quasi-totalité des cas.

 

Mnémosyne

Se voulant propriétaire de  » nos  » programmes, la profession s’est dotée de Mnémosyne (ou plutôt l’a royalement dotée). Dans un article de Notariat 2000 (n° 454), la question était déjà posée de savoir si, avec Mnémosyne, la profession ne faisait pas fausse route. Puis, dans le n° 457, Me SEYLER écrivait :  » le notariat réinvente la roue à 5.000.000 € « . Mnémosyne n’a pas du tout fait le choix de la recherche et de la réflexion, pour aboutir à la création d’un projet d’ensemble à moyen terme. Elle a procédé au rachat de systèmes divers de traitement d’actes, taxe, et comptabilité (non notariale), avec des bases de données diverses. Voilà qui ressemble plus à du bricolage qu’à de la construction neuve, et nous promet, à coup sûr, des sueurs froides. Sans compter qu’au vu de la dot mise dans le berceau, nos SSII habituelles pourraient être tentées de voir dans l’opération, des actions de concurrence déloyale…Dans toutes les hypothèses, les logiciels seront fermés, et seront la propriété de Mnémosyne. Peut-on alors dire qu’ils sont la propriété de la profession, même si elle conserve un droit de regard ? Il faudra continuer à acheter des programmes, et l’on nous vendra toujours des bases de données, traitements de texte, tableurs et autres, estampillés  » Microsoft « , au prix fort, alors que nous pourrions obtenir l’équivalent gratuitement. Cela ne résout en rien le problème de la pérennité de nos programmes et des informations : nous n’y aurons pas accès. Nous resterons donc totalement prisonniers de nos systèmes. Nous aurons seulement changé de prestataire (en meilleur, ou en pire ?). Quant à  » l’avenir de l’informatique dans le notariat « , il y a de quoi être inquiet, et toutes les questions posées dans le n° 454 demeurent sans réponse.

 

Mélusine

Plutôt que de subir, et d’attendre que la bonne parole vienne d’en haut, comme on nous a trop souvent habitués (imposés ?) à le faire, ne faudrait-il pas se prendre en main ? Il doit bien exister dans la profession, ou dans notre entourage, quelques dizaines de notaires, clercs ou autres personnes, ayant des connaissances ou des idées, permettant de mettre sur pied un projet  » d’informatique notariale  » libre et gratuite, et de le conduire. Par le canal d’Internet, d’autres programmeurs ou concepteurs pourraient s’y adjoindre. Cela n’a rien d’utopique, ni d’irréalisable : les besoins de la profession sont basiques, et il n’est pas besoin que tous les participants aient des connaissances informatiques pour participer au projet (même s’il en faut quand même un peu). Un autre problème, complètement passé sous silence alors qu’il est la clé de voûte de l’ensemble, est celui de l’échange des données informatisées entre nos différents programmes, mais aussi et surtout, entre notaires, et vers l’extérieur (en émission comme en réception). Des projets XML sont actuellement en cours à l’échelon mondial. Il semble plus qu’indispensable d’y travailler : là, ce n’est plus seulement une question de rater un train, mais toute une génération de trains !

 

Jean-Marc Moreau [email protected]

 

Note du rédacteur Tous ceux qui sont intéressés par le projet Mélusine, ou simplement curieux d’en savoir plus, peuvent se rendre sur le site sosnotaires.com, rubrique espace professionnel, dossier mélusine (ou directement à sosnotaires.com/melusine/MELUSINE.HTM). Et n’hésitez pas à vous laisser gagner dès maintenant par l’Open Source !