Ce samedi matin, somnolant dans le TGV, je rejoins la conférence des rédacteurs de Notariat 2000. Une question me taraude, insoluble, car du même genre de celle que l’on se pose à propos de l’origine de l’œuf ou de la poule. Est-ce l’homme qui fait la fonction ou la fonction qui le délite ?

Qui est à l’origine du changement ? L’homme en s’investissant dans la fonction pour laquelle il a été désigné ou le siège dans les minutes qui suivront son occupation ? Question apparemment oiseuse qui préoccupe cependant tout rédacteur de Notariat 2000, témoin de tels changements incompréhensibles. En effet, dois-je cibler, dans ma critique, un organisme (tel que le CSN, le CR, une Chambre, un institut) ou, au contraire, viser le président, le responsable ? Ou, plus sagement, dois-je m’abstenir de critiquer l’un et l’autre et ne cibler que la mauvaise décision (selon moi), le projet contestable, l’action négative ? Réponse connue et partagée par tous : pas d’attaque ad hominem.
Problème : j’estime tel ou tel confrère, je me sens en phase avec lui… Et patatras, voilà que, depuis sa nomination, je m’interroge. Pourquoi telle décision ? Pourquoi cette solidarité avec tel projet contesté et foireux ? Alors me revient la question d’origine : est-ce lui qui a changé ou le poste qui l’a presque « génétiquement transformé » ? That is the question !
Autre constat : j’ai tellement de sympathie pour tel confrère que je me sens dans l’impossibilité de critiquer l’homme, la fonction ou l’action… C’est grave Docteur ? Alors, dois-je saluer le courage, la solidarité, l’empathie, le dévouement, l’abnégation de tous ces élus qui, pour de multiples raisons, se mettent au service des confrères dans le cadre des diverses structures qui font le notariat ?
« Critiquer, même positivement, c’est déjà nuire ». C’est la pensée de la majorité des responsables de la profession. Ils estiment, le plus souvent, que leur mission d’élu ne peut motiver aucune autre réaction que de la reconnaissance. Les scores de satisfaction poussent d’ailleurs dans ce sens. En revanche, quand on sait que beaucoup de jeunes sont effrayés à l’idée de s’exprimer librement, on comprend mieux le sens des votes.
Et, comme MLK, je me suis réveillé. L’indépendance, la lucidité, la réflexion, le parti de s’exprimer sont des choix qu’un rédacteur de Notariat 2000 doit assumer, comme les élus doivent assumer celui d’être critiqués dans leur action.