Entretien avec Pierre-Marie GUILLON Pierre-Marie GUILLON fut Président de l’AFER – l’Association Française d’Épargne et de Retraite – de juin 2001 à octobre 2003. Il succédait à Gérard ATHIAS, fondateur mis en examen pour détournement de fonds. En avril 2004, Pierre-Marie GUILLON a publié « UNE TENEBREUSE AFER ». Notariat 2000 a voulu en savoir plus.
Notariat 2000 : Quoi de neuf à l’Afer ?
Pierre-Marie Guillon : L’Association a récemment dépassé les 600.000 adhérents, ce qui la maintient loin en tête des associations d’assurés sur la vie ; au titre de l’année passée, elle a obtenu un excellent résultat financier ; dans la plainte avec constitution de partie civile qui avait été déposée contre ses fondateurs, le Procureur général vient de rendre ses conclusions en faveur du renvoi en correctionnelle.
Notariat 2000 : Vous-même avez été mis en examen en raison de votre ouvrage.
Pierre-Marie Guillon : Exact ! La plainte avec constitution de partie civile – déposée par Gérard ATHIAS et André LE SAUT, cofondateurs de l’Afer – m’accuse en particulier de diffamation. En ce cas, la mise en examen est automatique.
Notariat 2000 : Que ressent-on lors d’une telle mise en examen ?
Pierre-Marie Guillon : Le sentiment du devoir accompli. Ce livre devait être écrit. Je n’éprouve aucune crainte, en particulier au regard de la diffamation. Hormis s’agissant de la vie privée, il n’y a pas diffamation quand les faits rapportés peuvent être prouvés. Je dispose de toutes les preuves de ce que j’ai expliqué dans « UNE TENEBREUSE AFER ».
Notariat 2000 : Devoir accompli ? Pouvez-vous nous expliquer en quoi consistait ce devoir ?
Pierre-Marie Guillon : L’AFER procède de la volonté d’instaurer un équilibre et un dialogue productif entre ceux qui épargnent et ceux qui gèrent l’épargne. L’AFER fut la première grande réalisation née de cette idée. Elle devait servir d’exemple et donc faire des émules ce qui aurait pu et dû, de proche en proche, transformer le monde de l’épargne. Or, quelques années après sa création, l’Association a définitivement perdu son indépendance, l’assureur qu’elle avait choisi pour mission de contrôler lui ayant totalement lié les mains. Sans indépendance, plus de défense des assurés possible. Nos fondateurs semblent bien avoir concouru à cette perte d’indépendance. Un grand espoir a ainsi été tué dans l’oeuf pour servir des intérêts particuliers. En tant que défenseur de l’épargne – vous savez que j’y ai consacré une partie de ma carrière – en tant qu’adhérent de l’AFER et en tant qu’ancien Président, je devais faire savoir ce qui s’est passé et en tirer la leçon.
Notariat 2000 : Vous avez été président de l’Afer. Ne portez-vous pas une part de responsabilité dans la perte de son indépendance ?
Pierre-Marie Guillon : Si je porte une part de responsabilité, ce n’est pas dans la perte d’indépendance de l’Association, qui date de bien avant moi, mais dans le fait que cette indépendance n’a pas été recouvrée durant ma Présidence. Je le regrette, bien sûr. J’aurais préféré gagner. Mais je ne m’en veux pas trop pour au moins deux raisons. D’abord parce que, quand je suis arrivé à la Présidence, tout était consommé, ce dont nous ne nous sommes pas aperçus tout de suite car on nous avait tout dissimulé, y compris les archives de l’Association. Ensuite parce que les forces en présence – Association sans moyens contre Assureur mastodonte – étaient totalement disproportionnées ce qui a permis de nous étrangler financièrement. Je réalise aujourd’hui que nous ne pouvions pas gagner. Mais on s’est bien battu.
Notariat 2000 : Reste un espoir ?
Pierre-Marie Guillon : L’espoir, je suis pratiquement tombé dedans étant petit. Je me refuse donc à penser que l’échec, pourtant patent, est définitif. Une graine a été semée. Déjà, pour le lancement du PERP, les pouvoirs publics se sont inspirés du modèle AFER. Ils l’ont fait maladroitement, mais ils l’ont fait.
Notariat 2000 : Avec le recul, que pensez-vous de l’assurance-vie en général et du produit Afer en particulier ?
Pierre-Marie Guillon : D’abord l’Afer : c’est un des tous meilleurs contrats d’assurance-vie de la place, ce qui n’interdit pas de diversifier ses fournisseurs. Maintenant l’assurance-vie : nous nous rencontrons depuis suffisamment longtemps pour que vous connaissiez mon point de vue. La gestion de patrimoine ressemble à une médecine dont les produits financiers seraient les médicaments. Cela étant, je crois que, grâce à la concurrence, et à l’AFER – je ne veux ni l’oublier ni le dissimuler – l’assurance-vie n’a jamais été aussi bonne qu’aujourd’hui. Vous voyez, je termine par le meilleur. Une preuve d’optimisme !