Magali QUESTER-SEMEON, justiciologue à Ecully (69), Présidente fondatrice du GAJ et rédactrice de la revue » Justice Moderne » nous transmet cette réflexion sur le progrès. Elle nous précise que le courrier qui suit a été rédigé par un dénommé Gérard, qui vit à la campagne et habite dans l’Ain…
» (…) Je viens de voir le nouveau règlement imposé aux facteurs de campagne pendant leur tournée. Avant le facteur était un vrai service public. Il était » la visite du jour » pour beaucoup de gens isolés, celui qui les reliait à la » civilisation « . tout le monde n’a pas forcément de voiture, ou la force de conduire pour rejoindre facilement le bourg. Non seulement, il apportait le courrier, mais il apportait aussi les timbres pour les prochains courriers, les nouvelles de la vallée, le calendrier (une vraie tradition) que l’on suspendait avec soin au-dessus de la table de la salle à manger. Si les volets étaient fermés, le facteur jetait un coup d’oeil pour voir si la personne n’était pas malade, ou si elle n’avait pas besoin d’aide. Au besoin, il changeait la bouteille de gaz du vieux pépé du coin, etc… Maintenant, il ne faut plus rendre service, il faut être rentable. (…) C’est le progrès ! Il y a un inspecteur qui suit le facteur dans sa tournée, qui contrôle les kilomètres de son trajet et chronomètre sa tournée. Et pour déterminer l’importance de la tournée et le nombre de facteurs nécessaires pour ce poste, bien sûr, seul est pris en compte le temps de boîte aux lettres à boîte aux lettres. Le temps passé à rendre service ou à remonter le moral des uns et des autres est, bien entendu, soigneusement décompté du total. Et tout est du même tonneau dans cette société dite rentable mais sans âme. Faire du bénéfice n’est pas un but en soi si c’est au prix des gens… Mais je m’énerve ! « .