La méfiance des marchés vis-à-vis des États européens n’en finit pas de nous tourmenter. L’Euro décroche, la bourse plonge. Heureusement, la pierre et le foot ont toujours la cote !
Tendance concernant l’activité Bien que son amélioration soit constante, l’activité immobilière demeure très instable. Nombre de nos correspondants tel Me Gosse (Loir-et-Cher) note que, depuis le début de l’année, le marché fonctionne en dents de scie. À une période d’activité importante succède une apparente atonie. Les mandats et clients se font plus rares. Comme l’exprime, en termes marins, le négociateur de Me Corlay à Lesneven (Finistère) : « Le ’temps’ de la négociation est très orageux. On passe de la tempête avec force 7 au soleil éclatant ». C’est aussi ce que confirme notre graphique dans lequel hausse et baisse se succèdent. Toutefois, le niveau général n’a jamais été aussi élevé depuis 2 ans, plus de la moitié de notre panel considérant que le nombre des transactions réalisées est dans une phase haussière.
Tendance concernant les prix 45 % de nos correspondants ont enregistré une baisse des prix des logements sur mars et avril et seulement 26 % la prévoient pour fin juin. Cette perspective s’applique aussi aux prix des terrains et aux commerces. Cette évolution est toutefois très disparate. Ainsi, l’augmentation sensible du prix des compromis sur Paris ne concerne qu’une faible partie de la région parisienne. Et si dans certaines grandes villes, comme Bordeaux ou Strasbourg, la pénurie des biens fait grimper les prix, dans d’autres, ils chutent sensiblement. Suivant SeLoger.com, les prix des offres à Toulouse ont perdu 3 % en 3 mois. C’est également le cas dans des villes moyennes comme Chateaudun où Mes Quidet et Le Bourdonnec ont observé « des corrections importantes à la baisse sur les prix demandés par les vendeurs pour des mandats anciens (plus d’un an). Les acheteurs n’hésitent pas à proposer 30 % de moins que le prix affiché ».
Le conseil des notaires
Bien que le marché des logements ait tendance à s’ouvrir, 70 % des notaires continuent à conseiller la vente en premier avant l’acquisition d’un bien de remplacement. 26 % d’entre eux (contre 28 % précédemment) entrevoient des possibilités de remontée des prix et orientent vers un achat plus immédiat. Concernant les terrains, les proportions sont relativement constantes depuis le début 2010. Un tiers mise sur une remontée des prix et 56 % préconisent de vendre avant d’acheter, le marché demeurant toujours baissier.
Évolution de l’environnement économique
L’Euro qui trônait à 1,45 dollar en début d’année poursuit sa descente et passe en dessous du seuil de 1,20 dollar. Parallèlement la bourse s’affole. L’indice CAC40 replonge à 3400 fin mai perdant 15 % en un mois et demi. Cette instabilité des valeurs boursières devrait profiter à la pierre. Or, l’une des dernières enquêtes de la Sofres relativise cette prédisposition. 50 % des français y considèrent en effet que l’achat d’une résidence principale ou secondaire ne constitue pas actuellement une bonne opportunité alors que 41 % d’entre eux pensent le contraire. Dans ces conditions il n’est pas étonnant de voir le cours de l’Or monter jour après jour, le prix du lingot atteignant 32 000 dollars fin mai 2010, en augmentation de 30 % depuis le début de l’année.
Regard sur l’actualité : les deux mamelles
Sully, ministre du bon roi Henri IV, aimait à répéter que « Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France ». Il y a bien longtemps que la nécessité de se nourrir et de se protéger contre la famine ne demeure plus la première préoccupation du bon peuple de France. Actuellement, nos angoisses se portent surtout sur les conséquences d’une crise financière internationale qui n’en finit plus. Aussi, plutôt que de remplir de grains, les rares greniers de nos habitations, notre premier besoin est de mettre de l’argent de côté. Une récente enquête de la Sofres, révèle ainsi que 83 % des sondés considèrent qu’il est « nécessaire d’épargner ». Et comme les trois quarts des personnes interrogées estiment que les placements boursiers ne sont pas un bon investissement pour leur retraite, la pierre caracole largement en tête des placements les plus sûrs. Le second besoin serait celui d’échapper aux tensions actuelles en se divertissant. Suivant notre président, le fait d’avoir remporté l’Euro 2016 se révèle comme une bonne « réponse à la crise ». C’est d’abord une bonne nouvelle pour le secteur du BTP actuellement touché par la crise. Quatre nouveaux stades vont être construits (Lille, Lyon, Nice et Bordeaux) et huit autres rénovés, permettant la création de 15 000 emplois pendant la phase de construction et de rénovation. Alors, pourquoi ne pas s’en réjouir ? Pourtant, si les nourritures terrestres n’apparaissent plus comme le fondement de notre mode de vie, il n’est pas sûr qu’une génération de grippe-sou et de fanatiques des jeux engendre une meilleure existence.
NDLR : cette enquête porte sur les mois d’avril/mai. Elle a été rédigée le 6 juin 2010.