Voici quelques années, à l’occasion de la signature d’un acte familial, un membre actuel du CSN nous avait posé une question que certains pourraient considérer comme déplacée : « quel est le point commun entre un notaire et une péripatéticienne ? ». La réponse (« chacun des deux est payé à l’acte »), quoique parfaitement exacte, me semble insuffisante…
Nous ne rivaliserons pas avec « le plus vieux métier du monde » sur le plan de la primauté chronologique de l’offre de service, et on peut difficilement nous comparer sur le plan de la nature même de cette offre. En revanche, à bien y réfléchir, les ressemblances sont nombreuses. J’en vois au moins trois…
1. Tout d’abord, il n’est plus « réglementaire » pour un notaire d’avoir un Mac depuis l’avènement de Télé@ctes (pardon de remuer le couteau dans le cœur des « applemaniacs »).
2. Les différentes catégories de femmes publiques et officiers publics ne sont pas si éloignées qu’il y paraît.
On dénombre en effet :
• des gagneuses à la petite semaine, saines et libres qui ont le souci d’apporter à leur client un service personnalisé, sans risque et d’un prix raisonnable ;
• des victimes exploitées qu’on envoie au turf et qui doivent faire de l’abattage ;
• des grandes professionnelles, hors de prix, qui fréquentent la haute société et ses salons et ne voudraient en aucun cas être comparées aux deux premières catégories… Ce sont en général celles-ci qui militent pour une libéralisation totale de l’activité. Cela leur permettrait d’avoir pignon sur rue, et d’être enfin reconnues pour leurs grandes qualités et leur longue et méticuleuse formation « à l’excellence ». Certaines prônent également l’ouverture de grandes maisons et la réintégration d’un véritable pôle de service. Il pourrait être placé sous l’autorité et le contrôle d’une « MAdaMe » tout en laissant une certaine liberté de gestion tant des ressources humaines que de la clientèle. Ces « grandes professionnelles » voudraient, pour le bien de la clientèle, que des démarches soient effectuées par toutes les professionnelles pour aboutir, dans l’intérêt du client, à une augmentation qualitative des prestations, sanctionnée par une norme ISO.
3. Ceux qui n’ont pas recours aux services des péripatéticiennes les considèrent comme une survivance d’un lointain passé et souhaiteraient les voir disparaître. Ou bien au minimum ne plus devoir supporter leur présence… Seules différences fondamentales entre elles et nous : aucune condition de nationalité n’est imposée pour l’exercice de cette « activité de service libéral » ! Par ailleurs, un notaire ne peut pas refuser son ministère lorsqu’il est sollicité par un client…
Il y a pourtant une autre différence essentielle entre nous et les péripatéticiennes. Il suffit que ces dames se réunissent à une petite cinquantaine, pour manifester leur désapprobation sur les traitements qui leur sont infligés pour que la presse en fasse ses choux gras et les grands médias leurs gros titres. En revanche, lorsque 83 % des notaires sont réunis pour témoigner de leur attachement à leur fonction et de leur parfait respect des institutions, quasiment personne n’en souffle mot ! Drôle de monde en vérité…