Quelle profession, disposant d’un budget confortable, peut évoluer sans procéder à de la recherche ? Certes, notre profession n’a de cesse d’organiser des congrès, réunions et colloques en tout genre, généralement de grande qualité, portant réflexion sur des thèmes juridiques. Mais quel en est l’impact sur le public ? De plus, bien que le juridique soit la base de notre métier, peut-on réellement parler de recherche ? Notre véritable rôle consiste-t-il à disséquer des textes ou à faciliter la vie de nos clients en leur rendant simples les choses compliquées ?
Nul doute que du côté juridique, nous pourrions faire mieux. Nous sommes tous les jours sur le terrain et donc mieux à même que quiconque de mesurer l’absurdité de certaines mesures, comme, par exemple, les récentes législations sur la « protection du consommateur ». Aussi, serait-il intéressant :
> qu’à chaque congrès soit associé un projet de loi déposé au Parlement, et qu’on le clame, haut et fort, au grand public ;
> que tous ces congrès et assemblées fassent l’objet d’un plan d’ensemble ;
> que les tâches soient réparties entre les uns et les autres. Mais c’est surtout côté pratique que le bât blesse. Ainsi, nous sommes nombreux à nous laisser asservir par « notre informatique ». Nous sommes devenus totalement dépendants de nos sociétés de service, entre les mains de qui nous avons abandonné nos formules, avec des résultats qui feraient hurler nos prédécesseurs. Et il y a pire : qu’un notaire s’avise de travailler (ou de penser) différemment, et il est mis à l’index. Car, au nom de la « cohésion » (de l’uniformité ?), la profession n’aime voir qu’une tête ! Ce qui ne prête guère à faire évoluer les choses.
Tout change, tout bouge
Autour de nous, tout change, tout bouge.
En informatique, l’heure est à l’inter-opérabilité et à l’échange de données, quel que soit le système, le matériel ou le logiciel. Or, nos programmes, qu’ils soient de comptabilité et « habilités et imposés », ou qu’ils soient de traitement des actes, sont incompatibles, et aucune amélioration n’est à attendre.
Les besoins de nos clients (et on ne peut leur en faire reproche), évoluent. Mais avons-nous réellement le « souci du client » ? Sommes-nous compréhensibles dans nos actes, dans notre courrier, ou lorsque nous adressons le titre de propriété avec une demande de renouvellement d’état hypothécaire dont notre client n’a que faire ?
L’Europe est là, qui va bouleverser notre vie de tous les jours et celle de tous les usagers du droit (harmonisation ou conflit des législations, libre concurrence). C’est un vaste chantier, et pour des décennies. Mais il n’y a pas que le droit qui bouge, les techniques de travail aussi. Nous intéressons-nous à ce qui se passe à nos portes ? L’administration belge a rendu public l’encodification de passerelles, et le notariat belge (ou frontalier) peut obtenir un extrait de cadastre en 30 secondes. Nous subissons plutôt que nous décidons, et nous avançons, sans savoir où, ni dans quel ordre… La mission d’un organisme professionnel n’est-elle pas d’anticiper et de réfléchir à ce qui va se passer dans 10 ou 20 ans ? Pourquoi ne pas associer nos SSII à cette réflexion et définir des objectifs à court terme, mettre sur pied des passerelles communes en vue d’échanger des données entre tous les programmes existants et, parallèlement, jeter les bases de tous nos besoins futurs, axés sur cet échange de données, quel que soit le système, le matériel ou le logiciel. Toutes les techniques existent : il suffit de s’y mettre.
Reste à savoir à qui il revient d’insuffler cette recherche, faute par nos instances de le faire. Est-ce à nos SSII (elles n’y ont aucun intérêt) ? Est-ce aux notaires de base de s’organiser ? (avec le budget de Mnémosyne, une cellule recherche pourrait tenir 10 à 20 ans…).
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