Comment se portent les réseaux en 2009 ? Font-ils encore recette ? Petite enquête auprès d’un panel de notaires…
79 % des notaires interrogés n’appartiennent pas à un réseau. « Les notaires de campagne ne les intéressent pas » relève au passage un notaire d’Eure-et-Loir. « Pouah, s’exclame un notaire des Alpes-Maritimes, ce sont des machines à fric ! Le seul vrai réseau, c’est le notariat ». Dans les trois quarts des cas, cette frange de notaires n’a jamais utilisé les services d’un réseau. Le petit quart restant l’a fait, mais sans grande conviction. Ils y ont souvent vu une cotisation supplémentaire et le risque de se faire ‘chiper’ son client. « J’ai utilisé les services de Notel, mais je ne suis pas allé plus loin car j’ai eu le sentiment que mon correspondant voulait essentiellement me piquer mon dossier » témoigne un notaire de l’Eure. Parmi les 21 % qui nous disent être adhérents d’un réseau, quelques-uns citent leur groupement de négociation immobilière. Dans tous les cas, l’indice de satisfaction est très fort.
À noter : Et si le vrai, le seul « super réseau » était celui des notaires ? C’est ce que nous ont spontanément répondu plusieurs notaires, dont Pierre-Alain Besnard (Eure). « Nous crevons sous le poids des individualismes. Si chacun considérait ses confrères comme des partenaires et non comme des concurrents, nous aurions la plus formidable ‘franchise’ qui soit. ».
Pourquoi adhérer à un réseau ?
Cohésion, excellence et performance sont citées à plusieurs reprises par notre panel. Interrogé sur ses motivations, celui-ci met en avant le partage des compétences en équipe, le développement d’activités complémentaires à celles plus traditionnelles, mais aussi l’acquisition d’une formation solide pour acquérir une spécialité. Pascal Morin (Maine-et-Loire) qui appartient à la fois aux réseaux Pharmétude et Jurisdéfi, apprécie le fait de travailler avec d’autres juristes que les notaires. L’image même du réseau et sa bonne notoriété sont également des facteurs importants. Ainsi Gérard Bouat (Gard) nous dit que Pharmétude bénéficie d’une excellente image auprès des pharmaciens.
Quelle est votre façon de travailler avec les autres membres du réseau ?
Les points forts… et les points faibles
Pour Bernard Delorme (Maine-et-Loire), le réseau permet d’échanger et de s’ouvrir à d’autres pratiques. « Notre centre de recherche est réactif dit-il en parlant du réseau Monassier, il y a des actions communes motivantes comme la qualité (certification iso 9001) et le SMS Horizon 2010 (Stratégie, Management, structure) ». Jérôme Martinot (Yvelines) souligne la compétence et la convivialité du réseau Pharmétude. Le réseau a toutefois des limites, à commencer parfois par des « moyens difficiles à trouver ». De plus certains membres ne s’impliquent pas suffisamment. Pour Me Bouat du réseau Pharmétude, la principale difficulté consiste à « recruter des confrères pour une meilleure représentation du territoire ». Enfin, un adhérent du Groupe Monassier, note que les collaborateurs de son étude ont des difficultés à ressentir un sentiment d’appartenance au réseau.
Faut-il créer d’autres réseaux ?
Réponses mitigées pour notre panel : 38% ne se prononcent pas, 28 % apprécieraient la création d’autres réseaux, mais 34 % n’en voient pas l’intérêt. « À trop créer de spécialités en réseau, le notariat risque de perdre son homogénéité d’office public et de verser dans le libéral » nous dit-on. « Pourquoi pas Notapizza ou Poissonot, s’exclame un lecteur du Finistère. Il incombe aux instituts du notariat de donner à chaque notaire, à l’occasion d’un dossier particulier, le ‘kit’ adapté et les coordonnées d’un notaire référent ».
Favorable à la création de réseaux, Philippe Rouhette, notaire individuel en zone rurale (Manche) verrait d’un bon œil la création d’un réseau agriculture : « cela permettrait de concurrencer les centres de gestion de gestion qui ont pris beaucoup d’actes » explique-t-il. Pour Pierre Becqué dans le Nord, c’est un réseau du droit des affaires et du droit international qu’il faudrait créer. Parmi les autres suggestions, retenons celle d’un réseau spécialisé en négociation immobilière (Jacques Rossi dans le Côtes-d’Armor), en gestion de patrimoine (Jean-Paul Brom dans le Haut-Rhin), en transmission d’entreprise (Bernard Philippe dans le Doubs). Pour Jacques Vautier, Président du Groupe Monassier, il faut créer prioritairement des « réseaux monoprofessionnels », voire, si « modification de statut, pluriprofessionnels »…