Aujourd’hui, il faut être « tendance ». Et, depuis un certain temps, la tendance dans le notariat, c’est la diversification, l’exploration et le développement des domaines dits « hors monopole ». Gestion de patrimoine, expertise, négociation, régie, médiation, sont autant de pistes à explorer, si l’on ne veut pas être « out », « cassé »… Nous avons même des plans pour ça, des formations et des aides.
On ne peut qu’approuver le développement des domaines dits « hors monopole » et, bien que son envergure semble un peu ralentie par la poussée de l’immobilier, on ne peut que le soutenir et le développer. Du moins dans son principe car chacun doit rester libre des voies qu’il souhaite explorer, en fonction de ses facultés, de ses goûts et de ses opportunités. Toutefois, cette tendance à la diversification ne doit pas pour autant nous éloigner de nos compétences premières, des domaines dits « du monopole ». Car, la scission entre ces deux domaines n’est pas si nette que cela…
Taille 42 pour tous !
Les attaques régulières dont la profession fait l’objet, concernent presque toujours les actes du monopole. Récemment, un journal a « testé » le notariat sur un de ses domaines privilégiés de compétence : les contrats de mariage. Il indiquait qu’il pouvait en coûter entre 300 et 1500 euros. Honte ! J’ai eu honte en lisant cet article. Non pas de voir que certains appliquaient des tarifs 5 fois supérieurs à la taxe moyenne, mais de constater qu’un contrat de mariage était le plus souvent un acte préétabli, une sorte de formulaire sur lequel il suffisait de rajouter des noms. Trop nombreux sont ceux qui rédigent encore ainsi, si tant est qu’on puisse appeler cela de la rédaction, même s’il est vrai que certains actes s’y prêtent trop facilement (donations entre époux notamment). Ainsi, ce n’est même plus du « prêt à porter » qu’ils font, c’est de la taille 42 pour tout le monde ! Mais même au prix minimum, repartir avec un vêtement ou un contrat de mariage qui ne vous va pas, c’est encore trop cher payé !
Du cousu main
Nous pouvons valoriser nos actes traditionnels, faire du « sur-mesure », voire de la « haute couture » pour ceux qui en ont la compétence. Ainsi, personne n’aura l’impression de voler ses clients en leur facturant 5 fois, 10 fois, voire plus, le coût « moyen » d’un contrat de mariage, si ce contrat permet aux époux de réaliser des économies substantielles. J’aurais moi-même l’impression de les voler en leur faisant signer n’importe quoi, même gratuitement. Faisons un rêve, celui qu’aucun de nos clients ne puisse dire avoir le même contrat de mariage qu’un autre. Il est d’autres actes qui nous semblent anodins et qui méritent pourtant plus qu’un simple renseignement et une signature en 10 minutes au bas d’un document « passe-partout ». Qui fait, dans les successions, des actes de liquidation-option par le conjoint survivant ? Qui soigne particulièrement ses donations entre époux (s’il y en a encore qui les conseillent), ses testaments authentiques ou ses conseils de testaments olographes ?
Certes, la majeure partie de notre activité relève du secteur immobilier et nos compétences en ce domaine ne sont plus à démontrer, nos rémunérations sont en général correctes. Mais ce secteur est fragile. S’il vient à décliner, ne serons-nous pas satisfaits de n’avoir pas abandonné ces actes traditionnels du notariat ? Il est de bon aloi de développer certains secteurs nouveaux, mais il serait aussi utile de ne pas oublier nos fonctions premières et de les valoriser également.