De mes lointaines « humanités », me revient ce trait lumineux de Rabelais : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».

 

Ce rappel ne s’appliquerait-il pas, plus que jamais, à notre temps et à notre profession ? Celle-ci ne saurait subsister seulement à force de compétence dans l’excellence car ce ne sont que des présupposés. Conditions certes nécessaires, mais insuffisantes ! Ce supplément d’âme, cher à Bergson, relayant notre moyenâgeux bon vivant, était relationnel, service, attention à l’autre. N’en serait-il pas toujours et encore ainsi ?

Chacun de nous peut citer quelques puits de sciences juridiques qui furent de piètres notaires. En revanche, la convivialité d’un excellent service attentif ne suffirait pas non plus à combler nos concitoyens. C’est bien la mixité de cette alchimie du servir, du savoir et de faire savoir qui, seule, parvient à devenir perceptible, donc réalité pour nos concitoyens. Nos clients ne s’y trompent pas. Ils attendent écoute et ouverture à leurs difficultés vécues. Notre science ne vient que dans les résultats, certes importants, mais non totalement satisfaisants. La course à l’argent pour seul horizon est à l’exact opposé de cette voie. Quant à la formation, elle doit essentiellement apporter, du moins faire percevoir à nos futurs notaires que la notion de service reste prioritaire dans la relation client.

Ne faudrait-il pas accepter de ramer à contre-courant des poncifs ambiants du « toujours plus d’argent », si l’on veut combler le cœur de nos concitoyens ?

À ce prix, notre si belle profession ferait provision de stabilité et de considération, toutes conditions préalables à notre satisfaction.