J’ai fait un rêve…

Lassé d’être le bon petit notaire bien dans le rang, je me mis d’un coup à quitter mon mode de vie exemplaire.

 

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Je tombais immédiatement dans une attitude de tous les excès.

Je roulais toujours entre 50 et 80 km/h au-dessus de la limite autorisée, le plus souvent en téléphonant. Lorsque je me faisais arrêter, je tentais de soudoyer les forces de l’ordre avant de les couvrir d’insultes en cas de refus. Je jetais hors de mon étude les clients qui ne me plaisaient pas, les agents immobiliers, les confrères, les inspecteurs du conseil régional et une fois même le procureur en personne…

Je virais abruptement, sans préavis, encore moins de procédure, tout salarié dont le comportement ne me convenait pas.

Je favorisais tous mes amis et plus encore les membres de ma famille en utilisant ma position pour leur faire obtenir des contrats juteux et le plus souvent fictifs.

Je versais des pots de vins aux agences qui voulaient encore bien travailler avec moi, aux élus, aux responsables des différentes administrations afin qu’ils m’amènent leurs dossiers.

Je me faisais offrir des voyages somptueux par les généalogistes, banquiers ou assureurs à qui j’apportais des affaires.

Je ne respectais plus aucune règle de confraternité : je démarchais les clients de mes confrères, parfois même jusque dans leur salle d’attente  ; je placardais les murs de la ville avec des affiches à la gloire de mon étude. Je faisais de même sur tout lieu de manifestation sportive ou culturelle. Je refusais les concours et participations de mes confrères et lorsque je n’avais pas le choix, je refusais de toute façon de leur verser leurs émoluments en second.

J’achetais si possible à vil prix tout bien immobilier que mes clients voulaient vendre.

Les folles soirées, le monde de la nuit, les excès d’alcool devinrent mon lot quotidien et je terminais souvent dans des lieux de rencontres libertines. Régulièrement, en fin de soirée, j’invitais tout le monde pour un bain de minuit dans ma piscine que j’avais préalablement fait remplir de champagne. Un soir, un invité que je ne connaissais pas me demanda quel métier j’exerçais pour mener une telle vie.

Lorsque je m’apprêtais à lui répondre que j’étais notaire…

Je me suis réveillé.