D’un mois sur l’autre les prévisions sur l’économie s’améliorent. Ainsi, le taux de croissance annuel du PIB a progressé de 1,2 % à 2,5 % sur le premier semestre tandis que le taux de chômage poursuit sa diminution et devrait atteindre 8,6 % en fin d’année. L’inflation est maîtrisée, nos exportations croissent plus rapidement que nos importations, l’augmentation des taux d’intérêts marque une pose et l’évolution des prix dans l’immobilier s’est considérablement assagie… ! Ce qui conduit certains à chanter « Tout va très bien madame la marquise ! ».
Pourtant, le Cercle des économistes, qui souhaite participer aux débats de la prochaine élection présidentielle, relève de nombreuses faiblesses dans nos activités. Elles concernent notamment le marché du travail, la redistribution des richesses, l’ouverture des services publics, la réforme de l’État, la fiscalité, la recherche et les universités. Pourtant, en matière de logements, les réponses qu’apportent le gouvernement et le législateur aux problèmes du moment et notamment pour les mal-logés semblent inadaptées. Ainsi, fin août 2005, 24 personnes périssaient dans les incendies de deux immeubles parisiens. Le Premier ministre réagissait à cette tragédie en annonçant, quelques jours plus tard, la réalisation de 5 000 logements d’urgence avant la fin du premier trimestre 2006. Malheureusement, aucune construction liée à cette promesse n’a encore été mise en chantier et la question des mal-logés est loin d’être résolue. Pourtant, une loi portant « Engagement national pour le logement » a été promulguée le 13 juillet 2006 pour répondre à ce besoin. Elle prévoit des dispositions permettant d’accélérer la mise à disposition des terrains appartenant aux pouvoirs publics au profit de la construction de logements, de ramener la TVA de 19,6 % à 5,5 % pour les opérations d’accession sociale, de moderniser la gestion des offices HLM. Parallèlement, elle introduit de nouvelles avancées en faveur du droit au logement effectif et prévoit l’arrêt des coupures d’eau, d’électricité et de gaz en période hivernale pour les ménages en grande difficulté. En définitive, il semble beaucoup plus aisé de faire voter des lois sur le logement que de reloger décemment les mal-logés. Mais en essayant de pallier les effets plutôt que de traiter les causes, on crée de nouveaux déséquilibres dans le marché, qui engendreront eux-mêmes de nouvelles mesures de régulation… Pourtant le logement est devenu le premier poste du budget des Français qui y consacrent plus de 21 % de leur revenu (contre 18 % il y a 20 ans) et la moitié de leur épargne » (1). C’est presque le double des dépenses d’alimentation (12 %) ou de transport (13 %), l’alourdissement étant beaucoup plus sensible ces dernières années, les loyers augmentant suivant les régions et sans discontinuer de 4 à 5 % par an depuis 2000. Mais à part ça, tout va très bien… conclut la chanson.
L’activité
À la fin de l’été, les opinions de notre panel sur l’activité des études et celles de leurs services négociation sont très proches les unes des autres. Les négociateurs sont moins pessimistes : ils ne sont plus que 35 % (contre 45 % fin juin) à considérer que leur activité pourrait diminuer dans les mois à venir. On observe sur le graphique que les mois de juillet et août ont connu, comme prévu, un tassement des activités. Ce que Me Binard à Ploermel confirme, tout en relativisant ses effets : « Pas de retournement de marché. La clientèle est attentiste. Atterrissage en douceur des prix. Beaucoup moins de transactions ». Mais le service négociation de l’étude Prouvost et Boudailliez, à Roubaix, va plus loin dans ses réflexions. Il estime, fin août, que « Beaucoup d’actes seront signés en septembre car très bons mois de juin et début juillet pour la vente de maisons. Depuis c’est le calme plat et plus grand chose à vendre. Les ventes d’appartements sont difficiles suite au changement des normes des ascenseurs et charges importantes. Même si les taux ont augmenté depuis 1 an, ils restent bas ».
Les prix immobiliers
Les perspectives d’évolution des prix ont peu varié par rapport au mois de juin (voir notre graphique). 70 % de nos correspondants (contre seulement 56 % en juin) observent la stabilité du prix des logements. 68 % des études de notre échantillon estiment d’ailleurs que les prix ne devraient pas connaître de variation dans les mois à venir. Toutefois, 24 % restent persuadées qu’on entre dans une période baissière et 7 % dans une période de hausse. Au niveau des commerces, les anticipations suivent celles relatives au logement en les accentuant légèrement. Il est vrai que globalement les professionnels ont noté en 2005 une relative stabilité des loyers commerciaux, à un niveau plutôt faible et que, malgré un taux de vacance peu élevé, la reprise tarde à venir. Concernant le prix des terrains, les opinions sont toujours largement positives. Cependant, le nombre de nos correspondants ayant observé des diminutions de prix pour les terrains à bâtir augmente régulièrement et atteint 9 % fin août.
Le conseil des notaires
57 % de notre panel conseille de vendre avant d’acheter. Toutefois, les notaires interrogés sont de plus en plus nombreux à prôner l’attente (19 % à la fin de l’été). Mais la grande nouveauté se trouve dans la répartition des conseils au niveau des terrains. Entre fin juin et fin août, on perçoit une diminution très importante de ceux qui préconisent l’achat au profit de ceux qui lui préfèrent la vente. Le rapport passe ainsi de 59/27 à 47/44, signe évident d’un attrait plus faible pour les terrains à bâtir.
L’environnement économique
Après sa chute en juin, l’indice CAC 40 est remonté en août à 5.100, niveau qu’il avait déjà atteint en avril. Depuis le début de l’année et sur le plan mondial, les marchés d’actions hésitent entre déclin et progression. Les hausses de taux sont pénalisantes pour les marchés boursiers puisqu’elles favorisent le placement des liquidités en obligation. Ces hausses de taux sont liées aux risques d’inflation qu’entraîne notamment l’augmentation du prix des matières premières. En revanche, l’augmentation des bénéfices des sociétés ravive l’attrait des marchés d’action. Ces bénéfices sont d’autant plus élevés que l’activité et la croissance du PIB sont importantes. Comme les perspectives de croissance dans la plupart des pays et notamment en Europe se sont récemment améliorées et que le prix du pétrole est redescendu en dessous de 70 dollars le baril, il n’est pas étonnant que la bourse ait repris quelques couleurs depuis le début de l’été. Sur le plan international, la seule ombre au tableau provient de l’immobilier. En effet, aux États-Unis après une période euphorique, le prix des maisons est en train de chuter et le ralentissement immobilier risque à terme d’amputer la croissance.
1- Ministère de l’Equipement, SESP n°8, juillet 2006.