Après Chouchou et Loulou (« Un gars, une fille ») et « Caméra café » sur des chaînes concurrentes, voici « T’as pas une minute » sur M6. On y retrouve le même rythme, le même style, le même humour. Est-ce également le même auditoire ?

 

Bien qu’ayant entendu parler de la série, j’avais jusque-là complètement zappé les épisodes de « T’as pas une minute », n’étant pas un « accro » de la télé. Mais en me promenant sur le site mjn.fr (forum « t’as pas une minute »), ma curiosité a été piquée au vif, ce qui m’a conduit, par moteurs de recherches interposés, vers www.taspas1minute.fr (ou www.taspasuneminute.fr). Et là, c’est du travail de pro : le site est remarquable ! On y trouve tout : la série, les épisodes, les personnages, les comédiens, les coulisses du tournage, un bêtisier, un jeu-concours, et même des infos sur les métiers du notariat (bravo !). Et c’est beau. Que demander de plus ? Les quelques sketches que j’ai vus sont enjoués, jeunes, décontractés, dynamiques (peut-être un peu idéalisés, mais ce n’est pas grave), bref, c’est une réussite. Quant au choix des personnages, il est intéressant. Tout au plus, faudrait-il mettre un peu plus en avant les clients car nous en avons de tous les styles (on pourrait sans problème dresser des « portraits types », sans tomber toutefois dans la caricature). Bien sûr, le contenu de la série n’est pas approfondi (c’est impossible en 1 minute), mais cela permet au grand public de voir le notaire sous un autre jour, ce qui est une excellente chose en soi.

 

Regrets et interrogations

Rien n’est parfait, d’où ces quelques regrets… Pour le site, ils ne sont que techniques :

• si vous tapez directement (sans les www devant) « taspas1minute.fr » ou taspasuneminute.fr, vous accédez à un site ViewonTV, et de là, impossible d’aller vers le but recherché ;

• les temps de chargement sont longs, et il y a souvent plantage en cours de route (mais on peut y accéder plus rapidement depuis le site de M6 (www.m6.fr) ; À propos de la programmation, l’heure semble bonne.

Toutefois, peut-être aurait-il été plus judicieux de démarrer la série en septembre. Avec l’arrivée des beaux jours, nombreux sont ceux qui auront d’autres occupations que d’attendre, devant leur écran, leur “minute” ! Reste également à savoir s’il fallait viser principalement le public des 18-24 ans. Enfin, on peut regretter que la profession ne communique pas assez sur le sujet (sur le site notaires.fr, seul un petit pop-up s’affiche au lancement) car la série mérite d’être mieux relayée et encouragée.

 

Suite, séries, sagas

La série « T’as pas une minute » se terminera fin décembre. Il ne reste qu’à espérer qu’elle rencontrera une bonne audience, qu’elle sera poursuivie et que d’autres sketches verront alors le jour. Pour l’inspiration, il n’y a guère de soucis à se faire : il n’est pas un notaire qui ne puisse conter des histoires qu’il a vécues. Drôles, émouvantes ou affligeantes, il y en aura pour tous les goûts ! Il suffira au CSN d’ouvrir une boîte à idées des “cas vécus”. De même, la télévision nous a habitués à des séries, comportant de véritables histoires, quelquefois un peu rocambolesques ou improbables, mettant en exergue une profession : flic, juge, avocat, instituteur, brocanteur… Cela semble passionner le grand public. Pourquoi ne pas envisager une série mettant en scène un notaire ? Cela permettrait de voir un peu plus profondément ce qui se passe dans une étude, « T’as pas 1 minute » n’en donnant qu’une vision superficielle et édulcorée. Sans retomber dans Zola, on pourrait retranscrire, en images, l’ambiance d’une étude, une ruche bourdonnante croulant sous la paperasse, le téléphone, les diagnostics… Bref, la « vie de tous les jours ».

 

Enfin, n’hésitons pas à aller plus loin. Chaque année, nos concitoyens attendent avec impatience leur “saga de l’été”. Et là, nous pourrions certainement rivaliser : nombre d’entre nous ont croisé ou rencontré, à l’occasion de dossiers que nous traitons, des personnages hors du commun, des familles au destin extraordinaire ou tragique, où le rôle du notaire a pu avoir un effet déterminant. Certaines de ces histoires mériteraient certainement de devenir des sagas, avec capacité de scotcher nombre de téléspectateurs devant leur écran.

 

Ce rendez-vous journalier avec les téléspectateurs, ce “feuilleton” comme à la grande époque radiophonique, constitue pour la profession bien plus qu’une communication : c’est une véritable révolution. Une minute, c’est peu, surtout pour convaincre. J’ai été convaincu, et j’attends de voir comment la profession va gérer la suite. Et si on en profitait pour refaire un lifting à notaires.fr ?