Parmi les nombreuses mesures destinées à réduire notre endettement, le gouvernement souhaite supprimer la déduction des intérêts des crédits pour l’acquisition de la résidence principale. Cette « niche » destinée à aider tous les Français à devenir propriétaire de leur maison n’aurait finalement profité qu’aux plus riches.
Regard sur l’actualité
Pendant longtemps la propriété immobilière a permis aux classes moyennes de se différencier des classes populaires. Mais cette époque semble révolue car « pour une partie de la population, la marche vers l’accession est devenue beaucoup trop haute ». Suivant un sondage Ipsos réalisé en 2007, si 74 % des Français considèrent qu’il n’y a pas assez de propriétaires en France, 83 % estiment qu’il est de plus en plus difficile de le devenir. Il est vrai qu’entre 1979 et 2009, le budget consacré par les ménages au logement a pratiquement doublé, ce qui n’a pas empêché la proportion des propriétaires d’augmenter de 47 % à 57 %. En outre, depuis l’an 2000, selon l’Insee, le prix moyen d’un logement ancien a été multiplié par deux alors que le revenu moyen disponible par ménage ne s’accroissait que de 37.500 € à 47.000 €. Aussi, pour permettre aux ménages modestes d’accéder de nouveau à la propriété, le gouvernement avait pris comme mesure phare la possibilité de déduire de ses impôts les intérêts d’emprunt immobilier pendant cinq ans (40 % des intérêts la première année et 20 % au cours des quatre années suivantes), avec pour objectif d’atteindre 70 % de propriétaires en 2025. Or, le coût de cette mesure s’avère particulièrement élevée – 3 milliards d’euros si rien n’est fait d’ici 2013 – et a surtout profité aux plus aisés. Selon l’OFCE, les deux tiers de cette aide ont été captés par les 30 % des ménages les plus riches. Que cette mesure phare soit sur la sellette apparaît donc tout à fait logique. Par contre, on ne peut que s’étonner des objectifs affichés lorsqu’elle a été prise. Peut-on sérieusement croire qu’une telle mesure puisse permettre en quinze ans d’élever la proportion des propriétaires du parc immobilier de 57 % à 70 % alors qu’il a fallu 30 ans pour qu’elle passe de 47 % à 57 % ? De même, il ne fallait pas être grand clerc pour prévoir que la mesure de déduction des intérêts intéresserait d’abord ceux qui paient beaucoup d’impôts et souhaitent changer de résidence principale pour s’agrandir plutôt qu’aux mal logés devant en bénéficier. Au lieu de prendre de mauvaises mesures pour des objectifs utopiques nos gouvernants feraient mieux de s’inspirer de l’exemple suisse où 70 % des habitants sont locataires et ne souhaitent pas particulièrement endosser les soucis des propriétaires…
Tendance concernant l’activité
Alors que le niveau des ventes culmine en mai et juin, les prévisions pour les mois suivants chutent fortement, les vacances n’étant propices à la signature de compromis que dans les endroits de villégiature.
L’activité s’est amplifiée, à l’approche de l’été, dans la plupart des études et, tout particulièrement, dans les services de négociation. 52 % des notaires interrogés ont observé une augmentation de leurs transactions fin juin (alors qu’ils n’étaient que 38 % fin avril). « Après une activité soutenue sur les ventes immobilières sur les mois d’avril, mai, juin, le marché est, de nouveau, calme pour l’immobilier depuis le début du mois de juillet » précise un négociateur du pays nantais. Pour les mois à venir, les prévisions sont beaucoup plus en retrait, la période estivale n’étant pas particulièrement favorable à l’activité notariale et, qu’en outre, ajoute notre correspondant : « On note une forte poussée des ventes de particuliers à particuliers sur les six derniers mois ».
Tendance concernant les prix
On observe une amélioration des prévisions sur l’évolution des prix pour les mois à venir, quel que soit le produit immobilier étudié.
Prévoir l’évolution des prix, même à court terme, semble un exercice chaque jour plus délicat tant les situations apparaissent contrastées, d’un département à l’autre ou suivant les types de biens. Ainsi, pour Mes Remond et Gapais (Eure-et-Loir), « Il est difficile d’établir des prévisions à long terme même si l’on sent une légère reprise pour les biens à usage d’habitation de moins de 150 000 Euros, du moins pour notre secteur. Mais ne nous réjouissons pas trop vite, l’immobilier est capricieux ». Dans sa dernière note de conjoncture, datée de juillet 2010, le Conseil Supérieur du Notariat fait état pour le 1er trimestre, tant pour les appartements que pour les maison, d’une augmentation des prix légèrement supérieure à 1 % sur un an. Ce faible taux confirme que les prix semblent se stabiliser un peu partout. Toutefois, les notaires d’Ile de France (20 % du parc immobilier) affichent fin juin une augmentation des prix de 5 % par rapport à 2009. Il en résulte qu’en province la tendance continue à marquer le pas et explique partiellement une certaine cacophonie dans les statistiques fournies pour le 1er semestre par différentes structures d’agents immobiliers. À partir des compromis, l’une enregistre une baisse nationale de 0,9 % et les autres une hausse supérieure à 4 %. Comme le pouvoir d’achat immobilier des ménages a fortement décru ces dix dernières années, l’une des rares explications que l’on peut trouver à l’augmentation des prix à Paris ou au cœur des grandes villes, provient de la dimension valeur refuge attribuée au logement.
Le conseil des notaires
Globalement les nouvelles sont assez bonnes, tant sur le plan des volumes que des prix et les projections favorables pour la fin 2010. D’où une augmentation sensible des conseils à l’achat avant revente. Le nombre de notaires qui considèrent que la baisse des prix s’achève et que l’on peut faire de bonnes affaires à l’achat augmente ainsi de 26 % à 42 % pour le logement, rattrapant pratiquement l’écart affiché par rapport aux terrains.
Évolution de l’environnement économique
Économistes et boursiers semblent jouer à se faire peur. Après avoir été successivement affolés par la crise des crédits immobiliers, celle des liquidités bancaires et celle du surendettement des États, ils évoquent maintenant la crise possible des Banques Centrales. Ces institutions pourraient devenir la cible des marchés en cas d’échec des plans de sauvetage qu’elles ont mis en place. Au gré des nouvelles sur ces dossiers délicats, la bourse s’élève, puis s’effondre, puis se relève contribuant ainsi à la richesse des spéculateurs. Pour compenser ces sombres perspectives, la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (Cnuced) révèle que plus de 1200 milliards d’Euros seront investis dans le monde en 2010, la France confirmant sa place de 2e investisseur mondial et de 3e pays d’accueil.
NDLR : Cette enquête porte sur les mois de juin-juillet. Elle a été rédigée le 27 juillet 2010.