Une page d’histoire se tourne. Après les « bo-bos », voici les « no-nos », comprenez les « NOuveaux NOmades ». Indépendants, en recherche permanente d’activités et d’horizons nouveaux, ils ne sont pas attachés à un office ou à un notaire. Que faire pour ces « clients » passagers de l’étude ? 

 

Qui sont les « no-nos » ? Il s’agit surtout d’une clientèle nantie. Les traits dominants de ces « non clients », au sens classique notarial, sont d’être des « néo aventuriers », attachés à leur autonomie et se tenant à l’écart des sentiers traditionnels ou références comme St Trop’ ou Annecy. Ils ont généralement moins de 45 ans et sont nés « avec l’ordinateur ». Les « no-nos » ont également des codes, comme les blogs nomades, le surf sur la toile, le saute-mouton avec de multiples sources d’inspiration ou de relations, les stages multiples et CDI, les carrières professionnelles en « z » ou tous les mots en « fast ». Les « no-nos » n’ont pas le dogme du retour aux sources, ni de la communauté. Ils ne vivent pas heureux auprès de leur arbre, comme les bobos…

 

Dans l’air du temps

Le « mouvement no-no » a déjà un impact positif sur l’immobilier : le « turn over » des biens est plus important. Les « no-nos » s’implantent pour quelques années dans des secteurs qui ne sont « pas courus », mais qui présentent les meilleures opportunités financières et de nombreuses qualités de vie sociale. Il n’est pas question pour eux d’aller dans des coins perdus : les no-nos ne sont pas des baba-cool, c’est l’inverse ! Ce phénomène s’inscrit dans l’air du temps. D’après les études sociologiques, le temps des « châteaux » ou « propriétés de famille », avec occupation permanente, est révolu. Giscard d’Estaing dit volontiers que son bureau de Ministre des Finances au Louvre, très grand siècle, est aujourd’hui une cafétéria ! Le notariat doit intégrer ce phénomène, son rôle est – et sera- de plus en plus « d’optimiser la jouissance des sols et des biens ». De confident de la personne attaché à vie à « son client », le notaire est de plus en plus attaché aux biens. Le client n’est naturellement plus « le client d’une seule étude ». Nous passons de la photo au cinéma permanent…

 

Passager de l’office

L’usager du notaire devient donc un « passager », un titulaire temporaire d’un bien. Déjà, nous ne parlons plus de « notre client » que pour un seul dossier ou pour une poignée d’amis sûrs. L’Office est pour les « no-nos » une sorte de taxi chargé de faire une seule course, de régler à la volée des problèmes familiaux de plus en plus ponctuels et de les amener rapidement à bon port lors d’une séquence de leur vie et surtout pas plus. Un autre notaire les prend alors en charge comme on change de métro. C’est une vision qui nécessite des efforts d’accommodation et surtout d’humilité. Ceci incite fortement à la création d’une nouvelle Conférence du Plan (ou Direction Commerciale), écurie de course de créativité, capable d’élaborer ou centraliser rapidement de nouveaux types de produits de droit. « Le droit d’imaginer », très belle signature d’une étude parisienne, reste donc notre meilleur garant pour épouser ce siècle.

 

Le droit d’imaginer

Adapter l’outil aux besoins reste une leçon fondamentale de nos anciens. Si pour nous, le client, c’est d’abord l’écoute, il faut intégrer qu’elle ne s’inscrit plus dans le temps et être prudent dans des préconisations à long terme. Il s’agit donc d’imaginer une gamme spécifique, diversifiée de services, en face de ces nouveaux besoins. Cela pourrait être :

• de nouveaux modes d’occupation pour 4/10 ans ;

• la mise à disposition de terrains sans doute en location pour les maisons nomades à venir ;

• l’échange temporaire de biens dépassant de beaucoup le temps de vacances ;

• l’accession-prêt (à l’inverse de la location-accession connue) qui consisterait à acheter pour être chez soi de suite, mais pour mieux partir ensuite, avec des formes nouvelles de mise à disposition ou de location diverses.

 

Pendant ce temps, à l’ombre de nos clochers, nous continuerons à fêter la Saint Fidèle. Nous entendrons la cloche marquer les heures, mais aussi le nombre de « clients » restant attachés à leur notaire. Et pourtant, « no-no », nouveau nomade n’est pas synonyme de « no-activité » ou « no-notaire ». C’est au contraire une chance à saisir ! Sans idée, un dollar vaut toujours un dollar. Misons-le sur ce « passager », sur l’avenir et ajoutons-y nos imaginations !