Interrogé récemment sur la thématique du temps, Michel Serres identifiait le « temps court » (celui qui rythme notre vie de jour en jour, d’heure en heure…) ; le « temps qu’il fait » et, enfin, le « temps long », celui de l’Histoire, du souvenir et des actes, mais aussi celui du regret. Le « temps notarial » se décompose-t-il de la même manière ?

Marchant dans les pas du philosophe, je me suis amusé à « décomposer » les temps notariaux pour appréhender leurs interactions et, ainsi, m’essayer à la composition d’une grille de lecture, voire d’un guide de l’orientation du travail notarial !

Gestion du/des temps

Agendas, rendez-vous, dossiers à ficeler et deadline à respecter, voilà le « temps court » dans toute sa splendeur ! Avec lui, on retrouve, tour à tour, le stress de l’instant et le plaisir du moment partagé, autour d’un rendez-vous de consultation souriant, par exemple. Tel est le chemin de la vie professionnelle, ni plus tortueux, ni plus rectiligne qu’il n’est fleuri ou semé d’embûches…  Le « temps court » a inévitablement un impact immédiat sur « le temps qu’il fait ». Dans le notariat, on l’envisagera sous l’acception environnementale. L’activité notariale est modulée en grande partie par la conjoncture économico-politique. Toutes deux sont en quasi-symbiose. Ici l’élection du président ; là, un taux de croissance en berne ou une loi de finances qui dicte un décembre noir… Encore là, une remontée des taux annonciatrice d’une diminution d’octroi des prêts et, corrélativement, d’une baisse des valeurs et du nombre de transactions. La gestion du temps implique une véritable gestion de l’office. Elle nécessite de concilier, avec souplesse, le besoin d’un effort soutenu durant les périodes fastes, avec la nécessité d’un resserrage de ceinture mesuré (et non d’un « dégraissage de mammouth » léonin !). Plus avant, l’image que le client va retenir est bien celle qui émane de l’ambiance de travail dans l’entreprise et de la qualité du service fourni. C’est bien par le truchement de la qualité de service que résonne la connaissance, voire la renommée du notariat !

Une vision saine et élargie

Le temps long notarial, c’est presque le fondement de la profession ! Il constitue la sécurité notariale, il est « intrinsèquement » lié à la notion de propriété, à l’authenticité des actes, mais aussi à l’institution et à sa promotion ! « La fonction de notaire est une fonction utile, qui contribue à la stabilité sociale » a expliqué récemment le Président Tarrade, avant d’établir sa feuille de route pour ses 2 ans de mandat. Regardons son programme ! Il s’articule autour de 4 axes : la poursuite du Projet des Notaires de France (PNF), la promotion de l’authenticité et de la fonction notariale, l’accueil et la formation des jeunes et, enfin… l’action européenne et internationale. Bien maîtriser les interactions temporelles du notariat, c’est réussir la gestion d’une profession en prise avec les plus profondes mutations internationales. Cette vision, élargie et saine de l’exercice de la profession, devrait être entendue par chaque notaire et par chaque aspirant à la profession. La formation pour tous doit être internationale. Elle doit aller dans le sens de la communication et de la promotion d’une institution transparente et juste dans toutes ses acceptions.