Depuis plusieurs années, Jean-Marc Moreau délivre, sans aucun moyen, ni assistance, des consultations anonymes et gratuites sur Internet, par le biais du site www.sosnotaires.com. Celles-ci rencontrent un certain succès et semblent incontestablement correspondre à une véritable demande de nos concitoyens. Pour notre rédacteur, il est indispensable que la profession prenne le relais, développe ces consultations, et le fasse savoir. Le débat est ouvert, avec cette lettre ouverte de Jean-Marc Moreau au Président Dejoie…
« Développer les consultations en ligne est une nécessité. Certes, le grand public peut déjà obtenir ces informations auprès d’un notaire, mais combien de personnes osent nous contacter ? Et lorsque c’est le cas, combien de temps doivent-elles attendre avant d’être reçues (par qui ?) ? Parce qu’elles sont souvent pressées, n’osent « déranger le notaire » ou appréhendent un coût de consultation trop élevé, bon nombre d’entre elles préfèrent se fier au bouche-à-oreille ou puiser leurs informations auprès de leur “conseiller financier”, voire sur Internet, par le biais de moteurs de recherches ou de forums. Mais comment trouver la “bonne” information, et à jour ? Ces personnes auront-elles de l’information désintéressée ou, au contraire, habilement orientée ? Combien de conseillers en tout genre sont capables d’avoir une vision d’ensemble ? Avons-nous tous le temps et l’envie de délivrer gratuitement du conseil non suivi d’un acte ? Le notaire ne perd-il pas ce rôle de conseiller habituel qu’il avait par le passé ? Autant de questions qui se posent à l’heure où nos concitoyens évoluent, comparent de plus en plus et veulent “comprendre”…
Le rôle social du notaire
Certes, la profession s’est déjà rapprochée du grand public : • par les journées de Maillot (mais c’est seulement un jour par an) et les consultations gratuites qui en découlent. Un bémol toutefois : elles n’ont pas lieu partout, et, malgré la mise en place d’un numéro d’appel, vite saturé, il est souvent nécessaire de se déplacer, quelquefois assez loin. • par une communication renforcée de la profession au travers de « spots » radio et même, depuis le 10 avril, avec la série télé « T’as pas une minute » ?, diffusée sur M6, ou encore via le site notaires.fr (qui ne comporte qu’une information générale, et pas toujours à jour). De par son statut, il appartient au notariat :
• d’assurer à tous, riches ou moins riches, incidences patrimoniales importantes ou nulles, le conseil impartial et désintéressé, l’aide à la décision, le tri de l’information,
• de réaliser un maillage juridique complet (dans un petit bourg comme au-delà de nos frontières), accessible à tous, gratuit, facile et rapide,
• d’améliorer le lien social, de participer à la suppression de l’isolement de certains et de rendre notre société plus humaine,
• ou même, d’aider à résoudre ou éviter des conflits, en cours ou en germe.
Conseils reconnus et incontournables
Le moment est donc venu de choisir si nous voulons redevenir des acteurs reconnus et incontournables du conseil (et donc reconquérir une “utilité”) ou ne rien changer ? Outre l’intérêt que cela représente pour nos concitoyens, il me semble que la profession ne peut que tirer profit de la pérennisation de ces consultations en ligne :
• cela renforce l’image de proximité et de rapidité d’accès au notaire, qui apparaît, par ailleurs, aux faits des nouvelles technologies.
• le notaire n’est pas un homme d’argent, il rend un service de manière désintéressée,
• l’information est délivrée rapidement. De plus, les notaires peuvent renvoyer vers le site afin de donner l’information générale, les notaires n’ayant ensuite qu’à finaliser les orientations ou conseils.
Enfin, les consultations en ligne permettent de se rendre compte, en réel, des difficultés rencontrées par nos concitoyens et ne peuvent qu’améliorer le dialogue avec le grand public, voire peut-être éviter entre-nous bien des “incompréhensions”… Alors qu’attendons-nous pour agir ? À chaque fois que j’ai évoqué cette question, il m’a été répondu qu’il était impossible pour la profession de prendre le relais du site www.sosnotaires.com. Que ce serait encourir des “risques” d’action en responsabilité (mais ces risques sont-ils si importants, et avons-nous à fuir nos responsabilités ?), qu’un tel site ne recevrait que des réclamations ou récriminations (il n’en est rien) et servirait les intérêts de Mme Neron… N’est-ce pas une réponse un peu rapide ? Tout cela mérite un débat ouvert ! »
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