On dit que le ridicule ne tue pas. C’est donc sans risque que M. MACRON a évoqué, à l’Assemblée Nationale, sans même avoir prévenu préalablement l’ « autorité compétente » en la matière, les menaces de mort qu’il aurait reçues, et qui émanaient de notaire »s ».
Émotion à l’assemblée, panique dans les services de la Chancellerie, normalement chargée de ce genre de sujets et qui n’en avaient absolument pas entendu parler jusqu’à cette tirade théâtrale…On voudrait tuer la star du gouvernement ? Des NOTAIRES, ces infâmes rentiers auraient puisé dans leur nauséabonde cassette pour rémunérer un tueur à gage ?
Même les notaires et collaborateurs ont ressenti, à cette annonce, un frisson d’horreur et de dégoût, juste avant de réaliser que la « cible » était elle même semble-t-il à l’œuvre pour les « tuer », et qu’il n’avait fait aucune menace de mort avant de mettre en œuvre son génocide notarial.
Et puis le temps s’est écoulé, et on a découvert qu’en fait de notaires nombreux et organisés planifiant l’assassinat d’un ministre encombrant, il y avait, en tout et pour tout un notaire, connu d’un certain nombre d’entre nous comme militant actif et dévoué de la cause notariale mais dont la personnalité ne correspondait pas du tout à l’image décrite…
Rappelez-vous la campagne de l’Association pour la sauvegarde et la promotion du notariat (A.S.P.N). Des portraits, évoquant – intentionnellement – les clichés d’identité judiciaire, sont postés en masse sur twitter, représentant des notaires et des salariés d’offices notariaux « A vendre »
Me Bartoli participe à cette campagne : il se fait tirer le portrait, l’air sombre, en mains une pancarte énonçant : « A vendre. Notaire furibard, 40 ans, itinérant, connaît tous les chemins de son pays. Permis de chasse pour plumes, battues, Macron, R. Ferrand. Plasticages possibles. »
Humour « local » qui ne pourrait pas choquer les lecteurs de Pétillon (Jack Palmer – L’enquête Corse) ni les fans des Fatals Picards (Je viens d’ici –https://youtu.be/f8cZRz0YKpM écoutez surtout à partir de 2’22), humour potache non filtré, provocation, maladresse, tous les termes pourraient être appropriés sauf probablement « menaces de mort » plutôt « menaces de Maure » comme le dit le récidiviste notaire d’Ajaccio (qui pourrait bien rejoindre notre équipe de rédaction s’il persiste ainsi dans l’art du jeu de mots NDReC)
Le plus choquant est peut-être dans le traitement judiciaire et disciplinaire de cette affaire qu’on monte en épingle au choix par paranoïa ministérielle (Eh Emmanuel, on ne t’avait pas dit que lorsqu’on s’attaque aux gens on leur donne l’envie de répliquer ?) ou par stratégie politique (une manière de justifier préalablement l’emploi du 49-3 et l’entêtement à vouloir faire naître cette loi)
Entendu par la police, tancé par le procureur pour un rappel à la loi, notre Confrère sera entendu par une chambre disciplinaire « courant avril »,
Me Pierre-Luc Vogel, président du Conseil supérieur du notariat (CSN) affirme avoir demandé une telle démarche…Il n’en sortira pas grandi, une désapprobation froide et un désamorçage auraient été préférables, mais une fois encore, le CSN rampe devant les « puissants » et ils sauront en abuser de nouveau chaque fois que l’occasion s’en présentera.
Tout ceci (la réaction du ministre, l’action des services policiers et judiciaires, mais aussi et surtout l’attitude veule de nos instances) m’inspire un mot, un seul : méprisable
Et avec de nombreux autres aujourd’hui, je crie donc JE SUIS BARTOLI, comme nous avons scandé « Je suis Charlie »…Comme nous espérons n’avoir jamais à scander « Je suis notariat 2000 ».
A la liberté d’expression correspond la liberté de réponse et contradiction. Emmanuel MACRON aurait été en légitime défense s’il avait utilisé une arme proportionnée à l’offense, mais il a tiré au bazooka sur un écureuil narquois.
Il n’y a aucune gloire à cela.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/03/19/un-notaire-sermonne-par-le-parquet-pour-des-menaces-contre-m-macron_4597504_3224.html#0laCzKljduDS80IM.99
Revoir la campagne ASPN sur « Médiocratie » de Hubert Félix Thiéfaine
bravo pour votre article
Ça fait plaisir de voir qu’on est nombreux d’accord sur ces questions de principe !
Bravo
Bravo pour cet article
La parole est d’argent. Et le silence est… d’or.
Notre confrère et ami Dominique Bartoli, a été poursuivi, placé en garde à vue, malmené pour avoir eu de l’humour au moment même où la quasi-totalité de la planète hurle qu’elle est… Charlie !
Charlie, c’est l’art de tourner en dérision, avec un humour parfois provocateur, les sujets les plus sérieux. Et pour avoir osé… la sanction suprême ! Mobilisation de tous pour avoir touché à des principes sacrés, d’abord « la vie », ensuite « la liberté ». Président de la république en tête et gouvernement au grand complet, la France républicaine s’est unie.
Dominique Bartoli, lui aussi, a osé et la machine d’État s’est mise en marche contre lui. Mais il n’a pas été abandonné. Bien sûr, de très nombreux confrères se sont solidarisés… en paroles ! Mais il n’était pas sauvé pour autant. Alors, notre grande et belle profession, en la personne de ses représentants dont je suis, en liaison avec le Président du Conseil supérieur du notariat, avons agi. Comme doivent agir ceux qui gouvernent. Avec un seul objectif : l’efficacité dans la discrétion et la subtilité. Cela s’appelle la « diplomatie ». Peut-être, avec les années, certains d’entre nous ont oublié Platon et le « Mythe de la caverne », c’est-à-dire la critique de l’apparence.
Seul le résultat a compté et il a été atteint : Dominique Bartoli peut en témoigner.
Je ne permets donc, à personne, de mettre en cause mon honneur car je l’associe à celui du Président du Conseil supérieur du notariat qui a été exemplaire dans tout ce qui a été fait.
Ce n’est pas le moment de se diviser et encore moins de mettre en cause notre Président. Je ne vous permets pas de l’affaiblir et je suis votre homme si vous voulez d’autres explications.
« Sachez écouter, et soyez sûr que le silence produit souvent le même effet que la science » Napoléon 1er (Instructions pour le Prince Eugène, 1805)
Alain Spadoni, Président du Conseil régional de Corse