Un préavis n’annonce jamais du bonheur, dirait-on ! Pour l’heure, c’est au niveau social que se situe le malaise, le mal-être. Et le notariat n’en est pas à l’abri…

À en croire les publications sur les réseaux sociaux, où la parole s’est franchement libérée (et tant mieux), on va droit vers un épisode tumultueux. D’autant que notre ami Macron n’a pas fini d’attiser les inquiétudes en donnant du pied dans la fourmilière sociale. Alors continue-t-on la tête dans le guidon comme d’hab dans le notariat ? Ou bien essaye-t-on, exceptionnellement, d’anticiper les bonnes questions ?

Sur la page facebook

« tu es clerc ou tu es notaire si… » 

Posts sur réseaux n’est pas parole d’Évangile ! Certes, mais tout de même. Quand on voit ce qu’on lit sur la page facebook « tu es clerc ou tu es notaire si… » (plus de 17.000 abonnés), on constate au moins une chose : le temps de parole qui était accaparé depuis 2 ans par des combattants prêts à défendre le notariat l’est maintenant par des personnels qui se plaignent de leurs conditions de travail. Notamment une (amusante) offre d’emploi virtuelle décrivant le notariat comme le bagne a fait le buzz. Extrait : « tu es motivé, compétent, rapide, tu te poses des questions mais pas trop, tu arrives tôt et tu repars tard, tu travailles pendant ta pause déjeuner, tu finis à 22 h avant tes vacances, tu fais plein d’heures supplémentaires sans être payé, tu ne demandes ni primes, ni tickets restaurants, tu n’attends aucune reconnaissance, ni remerciements de tes clients et de tes patrons, tu ne réponds pas aux clients qui t’insultent par mail et au téléphone, tu n’as pas eu d’augmentation depuis 20 ans, tu ne vas pas en formation car tu as trop de dossiers (…) ALORS POSTULE DANS LE NOTARIAT ». Et parmi la centaine de commentaires, une large majorité pour dire que c’est exactement cela le notariat ! Et vlan ! Alors, bien sûr, on peut payer des instituts de sondage – des vrais ! – pour dire que tout va bien dans le meilleur des mondes. Bien sûr aussi, il y a eu quelques salariés et patrons pour rappeler qu’ailleurs ce n’est pas mieux et qu’il y a quand même des avantages dans le notariat… Mais, mais, mais… Ne faisons pas trop longtemps la sourde oreille.

I can’t get no…

Réécoutons les objurgations des Rolling Stones, car ce n’est pas tout : un sondage fait par « HappyAtWork » a circulé sur Tweeter puis sur Facebook et a été relayé par votre revue préférée (« Les clercs décrochent la palme d’or du pire job« ) : la profession de CLERC DE NOTAIRE est la première, toutes catégories confondues, pour le taux de satisfaction… par sa faiblesse de satisfaction (10,3 %) . En 2e, c’est chef de publicité à 26,5 % de satisfaction et en 3e, l’agent de police avec 27,4 %. Conclusion de l’organisme sondeur : « Les Clercs de notaires sont de loin les moins heureux au travail : leur impossibilité d’évoluer professionnellement est en cause. » OK ! Là-dessus on pourra toujours dire que le protocole du sondage n’est pas conforme à « l’objectivité qui sied à une approche multicritère permettant seule d’avoir une vision qui serve de prolégomènes utiles à une réflexion globale, seule à même de satisfaire aux exigences de la responsabilité managériale du pouvoir décisionnaire, qui ne peut pas se permettre d’engager toute une profession sans tenir compte des soubassements réels étayant les superstructures régulatrices de notre unité… » Blablablabla…

Point de vue, images du monde…

Bref, ça fait 2 à 0 dans le match éternel entre le maître et l’esclave ; 2 pour « les esclaves ». N’attendons pas le coup de sifflet final pour réagir. Pendant des décennies, on a fait la sourde oreille aux critiques qui dénonçaient l’enrichissement d’une frange dorée du notariat. On a vu le résultat. Oui, on l’a vu : les moyens et petits offices s’enfoncent encore et toujours, tandis que les gros ont saisi les opportunités d’une ouverture libérale du métier. Mais ce coup-ci, face au nombre, face au risque de grève générale des clercs et employés de notaire, si on veut la paix sociale et si l’on veut garder le maillage territorial, il va falloir reproduire la méthode compensatoire de l’écrêtement !!! (au fait, on en est où des payements…). Et si les gros offices ne veulent pas en entendre parler (« il ne faudrait pas que cela devienne une habitude »), il n’y a guère d’alternative à une réforme structurelle du tarif renouant avec le principe selon lequel le client finance le notariat proportionnellement aux capitaux qu’il traite. Cela ferait une manne politiquement correcte qui permettrait de reconquérir un certain bien-être social. À bon entendeur…